L’Imprimerie à l’École, Coopérative d’Entr’aide Pédagogique, n°14, mai 1928
C. Freinet, Bar-sur-Loup, Alpes Maritimes.


Circulaire n°13 [Supplément au bulletin n°14, date probable début juin 1928]


LE BULLETIN. Il nous aurait fallu des vingtaines de pages pour dire en cette fin d’année tout ce qui nous paraissait urgent. Mais le Bulletin est subordonné à notre situation financière et on reconnaîtra que nous avons fait notre possible.
Le Bulletin de mai a été très retardé dans sa parution par suite d’une surcharge à l’imprimerie. Pour le numéro de juin, voici la situation nouvelle : LA CINÉMATHÈQUE COOPÉRATIVE devait publier d’urgence pour sa propagande, un Bulletin à tirage assez important. Le projet de fusion de nos deux organismes auquel AUCUN de nos adhérents n’a vu d’inconvénients nous faisait une obligation morale de publier à l’avenir un Bulletin commun. Nous aurions préféré certes adopter cette nouvelle formule en octobre seulement après notre Congrès de Paris. Mais la publication de la Cinémathèque était urgente. Nous avons donc fait un numéro de juin de notre Bulletin qui sera un numéro de lancement tiré à 10 000 exemplaires. En accord avec nos camarades de la Cinémathèque, nous avons légèrement modifié le titre qui devient L’IMPRIMERIE À L’ÉCOLE, LE CINÉMA, LA RADIO. Un article important de ce Bulletin indiquera le programme éventuel de ce Bulletin agrandi que nous désirons publier à partir d’octobre.
Le numéro de juin est plus spécialement consacré à la Cinémathèque. Que nos adhérents nous excusent. Grâce à cette mesure, nous faisons publier un numéro de juillet important, aussi important que le permettrons nos ressources car les rapports que nous recevons sont d’un très grand intérêt. Il est cependant entendu que le Congrès décidera souverainement et que nous retournerions simplement à notre première formule si l’Assemblée n’approuvait pas ces modifications.
Nous espérons sortir ce Bulletin [de juillet] à temps pour que vous le receviez avant les vacances. Pour le cas où cela nous serait impossible, voici l’ordre du jour de notre Congrès de Paris :

ORDRE DU JOUR.
Le deuxième Congrès de L’IMPRIMERIE À L’ÉCOLE se tiendra à Paris le 4 août 1928 à LA BELLEVILLOISE, rue Boyer. L’heure sera fixée le matin même et sera affichée à l’entrée de la salle.
- Compte rendu des travaux de l’année (par FREINET)
- Rapport financier (par DANIEL)
- Rapport financier de LA GERBE (par JAYOT)
- Fusion avec la coopé de cinéma
- Démonstration pratique avec le matériel de L’IMPRIMERIE À L’ÉCOLE
- Les échanges interscolaires
- Le Bulletin
- Divers.
Au cours du Congrès de l’enseignement les 5, 6, 7 août, exposition permanente de travaux et de matériel. Démonstrations pratiques. Communiquer la présente convocation à tous camarades que les questions à l’ordre du jour pourraient intéresser.

RÉUNION GÉNÉRALE DE TOUS LES CAMARADES S’INTÉRESSANT À LA COOPÉRATIVE CINÉMATHÈQUE, IMPRIMERIE, RADIO.

À la Bellevilloise, rue Boyer, Paris, le 5 août à 22 heures :
- Résultats obtenus et buts poursuivis
- Programme d’action pour l’année à venir.

Un certain nombre d’adhérents nous signalent leur venue à Paris. Que chacun fasse son possible pour assister à ce Congrès où nous ferons du bon travail. Nous enverrons à un certain nombre de nos adhérents plusieurs exemplaires de notre Bulletin de juin. Nous les prions de le faire connaître non seulement aux camarades qui s’intéressent à l’imprimerie, mais aussi aux possesseurs actuels et éventuels de cinéma et de nous donner des adresses.
Nous avons reçu une quinzaine de rapports excessivement intéressants et documentés dont nous donnerons l’essentiel au Congrès. Que les retardataires se hâtent ! Chaque adhérent doit répondre.

EXTRAITS DE LA GERBE. Il y a près de deux mois, nous avons envoyé à l’édition un troisième Extrait : RÉCRÉATIONS (poésies enfantines). Nous pensions vous en envoyer un exemplaire avant les vacances. Le retard à la livraison nous oblige à renvoyer ce service à octobre.

LA GERBE. Prière de verser immédiatement les sommes dues afin que nous puissions pour le Congrès, examiner la situation financière de LA GERBE.

MATÉRIEL COOPÉRATIF. Je rendrai compte au Congrès des démarches innombrables qu’il m’a fallu faire pour la fourniture du matériel par la coopérative elle-même.
Voici comment nous avons organisé la vente. Nous avons dû renoncer presque complètement au dépôt que nous proposions de faire chez quelques-uns de nos adhérents. Ceux de nos camarades qui manifestent le plus de bonne volonté sont presque toujours éloignés des gares ce qui rend tout dépôt impossible. De plus, ces dépôts seraient en août et septembre, époque à laquelle nous aurons à faire bon nombre de livraisons. Ce n’est pas tout. Ces dépôts supposaient un stock de matériel que nous ne tenions pas du tout à constituer : 1) par manque de fonds ; 2) parce qu’aussi, tant que notre technique ne sera pas matériellement établie d’une façon presque définitive, il vaut mieux nous réserver la liberté d’amélioration et de changement. Nous voyons à cette façon de procéder quelques inconvénients, nous [aurions] obtenu parfois des prix légèrement meilleurs, nos frais de correspondance et de port [auraient] été diminués.

PRESSE. Après une période difficile au cours de laquelle BORDES (St Aubin) s’est dépensé sans compter, nos presses sont actuellement fabriquées par un excellent ébéniste qui nous livre un matériel parfait. Malheureusement, cette presse seule nous revient à près de 50 fr., prix auquel il faut ajouter le rouleau presseur qui est livré avec la presse. J’ai indiqué 75 fr. pour la presse complète et [ainsi] la coopérative ne fait guère qu’échanger son argent (modèle verni : 7,5 fr. de plus). Stock par séries livrées par le fabricant lui-même.
Malgré nos recherches, il nous a été impossible de trouver à ce jour un fournisseur de tôle d’acier pour stock. Nous y parons de notre mieux avec de l’éverite. Pas encore de bon fournisseur non plus pour la plaque caoutchouc du siège. Rouleau presseur : nous pensons le mettre au point sous peu.

CARACTÈRES. Nous avons un fournisseur excellent qui nous livre à 16 fr. ou 17 fr. le kilo des caractères dont l’alliage n’est sans doute pas des meilleurs, mais le kilo est vendu 30 ou 35 fr. dans les fonderies de Paris. Nous avons donc avantage à échanger les caractères Deux fois plus souvent au besoin. Nous avons obtenu la livraison de modèles qui nous donnent entière satisfaction au point de vue pédagogique. Le prochain Bulletin publiera les modèles corps 10. Cette fonderie n’a pas de corps 9. Nous ne pourrons donc pas en faire livrer. Ceux qui désirent encore ce corps pourront, soit s’adresser directement à la CINUP (que je ne recommande pas car il nous ont suffisamment volés, soit me demander des spécimens à 30 fr. ou 35 fr. le kilo. J’aviserai si nous avons mieux. Mais je signale aux possesseurs de corps 9 que, vu le bas prix de nos composteurs, ils ont avantage à prendre du corps 10.
Nous espérons faire fondre des polices spéciales dans lesquelles la proportion des lettres conviendra mieux à notre travail. La livraison pourra en être faite en septembre sans doute. Expédition directe de la fonderie.

REFONTE DE CARACTÈRES. On ne fait pas de bon travail avec des caractères usagés. Les indications qui suivent vous permettent de calculer le prix de refonte. Les caractères sont repris par le fondeur à 6 fr. le kilo de caractères (frais de port à votre charge). Si vous en avez 3 kilos, cela vous fait 18 fr. Pour la refonte, nous abaisserons le prix du kilo de caractères à 18 fr. maximum. Pour une police moyenne de 3 kilos, coût : 18x3= 54 fr. Frais après reprise : 54–18=36 fr. Prix des blancs : 14 fr. le kilo. Adresser les demandes fin août.

AUTRES POSSIBILITÉS. Une Imprimerie coopérative m’a livré pour expérience la matière d’imprimerie inemployée après l’édition. Ces caractères TOMBES DE LINO qui nous étaient vendus par CINUP 30 à 35 fr. le kilo (rainure en bas du caractère) pourront nous être livrés sans doute à 6 ou 7 fr. le kilo. Naturellement EN VRAC non classés. Je ne crois pas que nous ayons avantage à vendre de ces caractères après classement. Mais nous pourrons faire adresser à ceux qui le désireront un paquet de composition qui contient une proportion convenable de toutes lettres. Seules les majuscules peuvent être rares. On utilisera celles de notre police. Je vois très bien la possibilité d’employer des envois semblables ne revenant pas à plus de 20 à 25 fr. pour la composition d’une deuxième police de secours dans le même corps. Nous nous renseignerons à Paris et vous en informerons.
N’attendez pas octobre pour toutes ces demandes.

Nous ne livrons directement qu les composteurs, porte-composteurs, traits, vignettes, interlignes etc. Nous pensons qu’à la rentrée quelque camarade se chargera de ce dépôt. Nous n’avons donc avancé de l’argent que pour les composteurs et les presses. Comme on le voit, les avantages importants obtenus n’ont pas coûté de grosses mises de fonds.


ACTIONS. DANIEL rendra compte au Congrès, de l’état de versement de ces Actions. Après fusion avec la Cinémathèque, si elle s’opère, nous légaliserons tout cela.

ÉCHANGES. Le Congrès de Paris décidera pour cette organisation.

PETIT CLASSEUR POUR LIVRES DE VIE BLOC-VIT. Un commerçant nous a offert un système qui nous paraît avantageux. Il nous en adresse un certain nombre. Je vous en fais tenir un exemplaire gratuit. L’exemplaire sera livré à 1,25 fr. Ceux qui en désirent sont priés de passer commande au plus tôt.

Mais cette circulaire est bien trop longue au gré de LEROUX qui fera le tirage. En hâte, fraternellement,
C. Freinet.


Nous dépasserons certainement en octobre la centaine d’adhérents. Pour continuer nos services, il nous faut une documentation précise. Je vous prie de bien vouloir remplir la formule de renseignements ci-jointe et de me la renvoyer au plus tôt. Une feuille semblable vous sera adressée au cas où vous changeriez de classe en octobre. Nous ne pourrons pas nous occuper utilement des classes qui auraient négligé de remplir ce formulaire.

Les adhérents m’ont fait cette année le service de leurs journaux ; je les en remercie. Malheureusement les nécessités de propagande et d’expositions m’ont contraint de me débarrasser d’un certain nombre de travaux que je voudrais bien conserver dans mes archives. Il serait nécessaire de posséder l’ensemble de nos productions de cette année. Il va sans dire que ces documents resteront à la disposition entière du groupe. Je vous demande de vouloir bien m’adresser en fin d’année un LIVRE DE VIE D’ÉLÈVE même mal tenu ou un peu incomplet. Je vous remercie par avance.

LA GERBE (numéro de juillet). Les relieurs sont, ce mois-ci, pour la 1 ère et la 3 ème équipe : DANIEL ET BALLON.
Tous les collaborateurs sont priés d’adresser leur travail à ces camarades dans les délais prévus, c’est-à-dire avant le 20 juillet. Je ne sais si nous pourrons sortir les fascicules avant le départ en vacances. Dans le cas contraire, les numéros de juillet seront distribués en octobre comme l’an dernier.

Freinet.