A nos chers camarades
C’est volontairement que je me suis abstenu dans le débat de l’Assemblée Générale de la C.E.L.
Je savais, par expérience personnelle et par les lettres des délégués départementaux, que très souvent, sollicités de venir vous joindre à nous, dans l’association des « Amis de Freinet », vous répondez : « Nous ne connaissons pas Freinet »...
C’est pour cette raison que nous avons, à l’Assemblée Générale de Charleville, arrêté quelques projets susceptibles de vous éclairer sur la vie et l’œuvre de Freinet ; mais je ne pensais pas que cette méconnaissance était aussi importante.
Se lancer dans la pédagogie Freinet sans connaître Freinet, s’appuyer sur une œuvre sans en découvrir les origines, ignorer les luttes et les sacrifices, tout ceci m’effraierait si je ne vous connaissais pas.
Laissez-moi cependant vous dire que vous ne lisez pas assez. Freinet a laissé des écrits qui nous éclairent sur ses idées directrices. Elise, dont l’œuvre n’est pas achevée, a condensé dans un livre qui se lit comme un roman : « Naissance d’une Pédagogie Populaire » les grandes étapes de notre œuvre commune.
Vous comprendrez alors pourquoi il est impossible de dissocier Freinet d’Elise et de Baloulette leur fille.
Quant aux pionniers, premiers compagnons d’une œuvre commencée voici bientôt 50 ans, je crois pouvoir vous dire en leur nom, qu’ils ne demandent rien, seulement que vous poursuiviez dans cet esprit d’amitié, dans ce climat de travail avec la même foi révolutionnaire, cette tâche qui ne se terminera qu’avec l’avènement d’un monde plus juste, plus humain, où l’homme pourra enfin prendre sa destinée en mains. Et puisque vous avez exprimé le désir d’être informés - la motivation est alors créée -, vous comprendrez pourquoi je crois de mon devoir, au nom de l’association, de sortir de la réserve que je me suis jusqu’ici imposée.
Nous n’avons, en créant les Amis de Freinet, eu qu’une idée, celle de défendre l’œuvre de Freinet contre tout déviationnisme ou régression. Les pistes sont ouvertes, à vous de continuer le défrichement. Il y a encore bien du travail. Nous n’avons pas cherché, par un recrutement intensif, à créer une association impersonnelle, mais à regrouper ceux qui, ayant suivi Freinet, étaient désireux avec nous de veiller à ce que son souvenir ne s’estompe pas. Nous avons atteint notre but, puisque tous les départements ont des adhérents (à l’exception de la Creuse à qui j’adresse un dernier appel) et que 80% de ces départements sont représentés par un délégué. C’est souvent en attendant qu’un plus jeune se dévoue, qu’un ancien a bien voulu assurer l’intérim.
A l’heure où je vous écris, je puis vous assurer que nous pouvons, suivant un plan que nous nous étions fixé à Grenoble, commencer la propagande sur le plan national.
Le fonds de documentation, dont vous avez eu une idée à la salle des Amis de Freinet à Charleville, va nous permettre de tirer des microfilms pour les départements qui nous en feront la demande. Nous essaierons de doter quelques stages de cette documentation. Un montage audiovisuel est également prévu et un album relatant les grandes lignes de la vie et de l’œuvre de Freinet devrait sortir dans le courant de l’année 1970-71. Vous voyez que le travail ne nous manque pas, que le chantier fait appel à toutes les bonnes volontés.
A vous, mes jeunes camarades dont l’émotion était sincère, je vous demande de bien vouloir m’écrire en m’exprimant vos désirs, vos idées, et en précisant votre collaboration. Répondez à ce questionnaire dès que vous le pourrez. Le plus tôt sera le mieux.
Avec mon amitié.
Gouzil 7, rue du Cdt Viot 44 Nantes
1 - Accepteriez-vous d’être le représentant des jeunes dans votre département pour l’association ?
2 - Pouvez-vous aider notre délégué dans ses fonctions ?
3 - Pouvez-vous être ce délégué ?
4 - La documentation que nous vous proposons vous semble-t-elle suffisante ?
5 - Vos propositions . Vos suggestions . Vos idées .