Nos amis d’outre-frontière

Des nouvelles de Pologne

Nous lisons avec intérêt, dans le bulletin de liaison de l’OCCE, les lignes suivantes consacrées à l’école de notre amie Halina Semenowicz.
« L’école d’Otwock est située à une trentaine de kilomètres de Varsovie, dans la grande forêt de sapins. C’est une école recevant les enfants d’un sanatorium d’Etat. Ses bâtiments de bois, disséminés parmi les arbres, sont un don de la Croix-Rouge Suédoise en 1947. Confortables, mais maintenant insuffisants, ils seront remplacés, dans deux ou trois ans, par une construction neuve. L’école compte 20 classes et 600 élèves de tous âges. »
Halina Semenowicz, accueillante et chaleureuse, nous reçoit dans un français impeccable. Elle nous présente son école et nous la fait visiter ; elle y est directrice depuis 15 ans, et l’école forme pour elle une grande famille. Partisan convaincu de Freinet, Mme Semenowicz, qui pratique les techniques Freinet, traduit un choix d’œuvres de Freinet en polonais, et elle participe à l’organisation d’un symposium de pédagogie Freinet qui aura lieu à Varsovie en juin prochain.
Ici, chaque classe forme une coopérative. Le lundi, la coopérative prépare le plan de travail de la semaine. On pratique le texte libre, le journal scolaire, la correspondance. La coopération s’exerce entre les enfants, avec les maîtres, avec le milieu. Une correspondance s’effectue régulièrement avec 12 écoles de Pologne, 8 de France, 1 d’Algérie, 1 de Belgique. En outre, beaucoup d’enfants correspondent individuellement avec des écoliers russes et tchécoslovaques. Pour le français, Mme Semenowicz traduit les textes français à ses élèves, et traduit leurs textes en français pour leurs correspondants de Chissey ou de Marseille.
L’esprit de la pédagogie Freinet est partout. Détail émouvant : son portrait se trouve dans presque toutes les classes... Dans toutes les classes, on travaille coopérativement, et l’effort ne porte pas seulement sur l’instruction, il porte aussi sur tous les aspects de l’éducation. A la fin de chaque trimestre, tous les conseils de l’école se réunissent et font un bilan du travail accompli. Les enfants font une promesse écrite pour le trimestre à venir ; elle est placée dans une enveloppe fermée et examinée seulement à la fin du trimestre par tout le conseil de classe. Chacun cherche ainsi à se perfectionner.
Les conditions matérielles de l’école traduisent encore la difficulté dela vie dans un établissement comme celui-ci. Mais Madame Semenowicz considère que toute difficulté n’est pas un obstacle à la transformation de la pédagogie. Au contraire, il arrive souvent qu’elle soit un stimulant.
On ne peut qu’en être convaincu en parcourant, comme nous l’avons fait, mais trop vite hélas ! les petites classes, simples mais accueillantes de cette école où nous avons senti vivre l’esprit coopératif.

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