- FREINET vu par un pédagogue
allemand (fin)
- L'enfant et son développement psychique.
Ses observations personnelles sur l'enfant et leurs
résultats ne coïncident pas souvent avec l'opinion et
la psychologie scolaire en France. Freinet commence alors à
explorer systématiquement et profondément par voie
expérimentale, le psychisme de l'enfant et de
l'adolescent.
"La vie n'est pas un état mais un devenir. Le devenir doit
expliquer notre psychologie et influencer notre pédagogie"
écrira Freinet dans son remarquable "Essai de psychologie
sensible appliquée à l'Education".
Dans le processus dynamique du devenir, Freinet reconnaît
trois phases de développement qui sont
particulièrement bien caractéristiques et qui sont
plus ou moins vite parcourues par tous les hommes.
1°- La période de la prospection tâtonnée
du milieu et des choses ou période du tâtonnement
expérimental.
2°- La période d'aménagement de soi et de la
classification.
3°- La période de travail actif.
A côté de la notion de "Vie" se trouve la notion
"d'humanité" élargie la "Fraternité"; elle
est l'un des principes fondamentaux de la pensée de
FREINET
Si Freinet pense que la réalisation de l'homme par
soi-même est l'un des buts les plus importants de
l'Education, il n'en estime pas moins qu'elle ne reste pas une fin
en soi. L'homme doit se savoir continuellement au service de la
Société.
L'enfant a un besoin fonctionnel d'activité utile et
couronnée de succès. La persévérance
des enfants de cette étape de l'éducation est
étonnante, quand ils poursuivent leur travail sans montrer
la moindre fatigue.
Le travail, dans l'optique de Freinet, se traduit par
l'activité de l'enfant puisqu'il la ressent comme tel et le
prend au sérieux.
S'il rencontre une occupation peu utile, il s'en détourne
bientôt avec aversion et cherche un devoir qui exige la
pleine mise en oeuvre de ses forces d'enfant, satisfait son besoin
naturel de mouvement et promet un résultat garantissant
l'estime de soi-même et la reconnaissance des parents, du
maître et des camarades de classe.
-
- FREINET, le fondateur de l'Imprimerie à
l'école.
Freinet fut connu par l'imprimerie à l'école. Il
recherchait une possibilité d'intéresser les enfants
à un texte pour un laps de temps plus long.
Un jour, Freinet lit dans une revue la publicité pour une
presse de petite imprimerie de marque Cinup. Tout de suite, il la
commande et commence à travailler .
-
- Signification pédagogique de l'Imprimerie à
l'Ecole.
Freinet reconnaît qu'elle apporte beaucoup de
lumière, de chaleur et de soleil, de joie et de changement
dans la grise monotonie de l'école, mais l'imprimerie,
c'est encore autre chose.
Elle incite les enfants à s'exprimer par écrit ou
par dessin.
Elle exige une orthographe correcte.
Elle demande une finition et permet un travail propre, exact et
complet.
La manipulation des caractères d'imprimerie, leur rangement
dans les composteurs, la composition des textes dans la
galée, le transfert des lignes sur la presse, la teinte de
l'encre et finalement la confection des tirages demandent à
l'enfant, adresse, dextérité et propreté.
L'imprimerie reflète les événements locaux et
les pensées originales des enfants.
Elle oblige les enfants à un travail d'équipe
à la prise en considération de l'autre, à la
serviabilité et à une conduite fraternelle et
sociale. L'Ecole devient vraiment un champ d'action sociale.
Le développement de 1imprimerie à
l'école
Freinet commence, dès 1923 à imprimer et
développe chaque jour davantage l'imprimerie à
l'école pour l'introduire systématiquement dans
l'enseignement. Si pauvre que fut son école de
Bar-sur-Loup, elle ne pouvait même pas s'acheter le papier
nécessaire et utilisait le verso de vieux bulletins de vote
pour imprimer les textes, les enfants se jettent résolument
dans cette nouvelle activité.
Tous les événements de la vie de l'école, de
la vie du village, tout ce que les enfants avaient vécu,
tout ce qui les avait touchés fut retenu! L'imprimerie
permettait aussi l'échange de textes d'école
à école et de commencer la correspondance
interscolaire.
En 1927, plus de 40 écoles correspondent avec Freinet et
entre-elles, en France, en Belgique, en Suisse et en Espagne. En
1928, 90 écoles possèdent une imprimerie; le
mouvement s'étend à la Pologne, en Argentine, en
Angleterre et au Maroc.
La Grande Presse s'intéresse à cette
activité, Le 4 juillet 1926, le quotidien, le Temps,
journal à fort tirage écrit sous le titre "A l'Ecole
de Gutenberg".
Pendant que des pédagogues spécialistes discutent
sur de meilleures méthodes d'enseignement que l'on devrait
introduire dans une école moderne, un instituteur de
campagne, simple et modeste, Monsieur FREINET, qui en ce moment
fait connaître aux enfants les bienfaits de la Science, dans
un petit village des Alpes-Maritimes, a trouvé par
initiative personnelle une voie qui semble nous promettre de
très grands succès."
Un grand nombre de pédagogues se joignent au mouvement de
Freinet. Le célèbre pédagogue suisse
Ferrière souscrit à l'initiative de Freinet.
Aujourd'hui, rien qu'en France, on compte plus de 40.000
éducateurs et dans 40 pays de nombreux instituteurs ont
introduit l'imprimerie à l'école . Freinet les a
rassemblés dans la Fédération Internationale
des Mouvements de l'Ecole Moderne : F.I.M.E.M.
Des textes d'enfants sont régulièrement
publiés dans la revue la "Gerbe Internationale".
L'École Moderne et sa lutte pour être
reconnue.
En mars 1926, Freinet se marie, sa femme Elise est une artiste de
classe qui, comme institutrice, apporte la plus grande
compréhension à ses aspirations pédagogiques,
le complète et le soutient admirablement dans son
travail.
Elise s'occupe surtout de la formation musicale et artistique de
l'enfant et de la découverte et du développement de
ses capacités créatrices. Elle est aussi l'auteur du
livre "Naissance d'une Pédagogie Populaire" dans lequel
elle décrit l'histoire de l'Ecole Moderne.
Chaque deuxième mois de 1'année, Elise Freinet
publie une revue "Art Enfantin" avec de magnifiques
témoignages d'expression enfantine. Dans son livre
"L'enfant artiste", elle montre en s'appuyant sur des dessins
d'enfants rassemblés au cours de plusieurs années de
travail, comment 1'aptitude au dessin et la faculté
artistique se développent chez eux, quelles
que soient les techniques employées : dessin, bricolage,
travail manuel, modelage...
A partir de juillet 1926, Freinet essaie de rapprocher en un
contact plus étroit les partisans de 1'imprimerie à
l'école par des circulaires régulières.
On discute en commun de questions et de problèmes
pédagogiques on échange des idées, on
entreprend des expériences, on découvre de nouveaux
moyens de travail et on les contrôle quant à leur
possibilité de mise en pratique et à leur valeur
didactique.
Dans les premiers jours du mois d'août 1927, les
instituteurs de l'Ecole Moderne se rencontrent pour la
première fois au Congrès de Tours.
A Pâques 1928, Freinet prend part à un congrès
pédagogique international de Leipzig.
Beaucoup d'éducateurs allemands montrent un si grand
intérêt à l'imprimerie à l'école
que Freinet y laisse toutes ses presses qu'il avait
apportées pour meubler l'exposition.
Aujourd'hui, nous trouvons surtout en Allemagne du Sud, dans les
villes et leurs alentours de Rastatt, Schwävisch Hall,
Stuttgart et Deux-Ponts, de nombreux imprimeurs scolaires qui
travaillent en partie avec des presses Freinet et avec des presses
allemandes.
Août 1928 - Congrès de Paris.
a) création d'une coopérative centrale où
on pourra se procurer imprimerie, matériel, outils de
travail et accessoires.
b) cinéma, photographie, disques, radio, on décide
de créer une cinémathèque et une
discothèque.
c) une revue paraissant régulièrement tous les mois,
doit continuellement relier entre eux, les partisans de l'Ecole
Moderne, c'est l'Imprimerie à l'Ecole.
d) la revue contenant des textes d'élèves doit
paraître tous les mois, c'est la Gerbe.
e) un service d'échange de correspondance entre
élèves est mis au point.
Traduction Gaston MEYER
tirée du livre de JORG
"Vie et oeuvre du pédagogue français
Célestin Freinet".
paru aux Editions Ferdinand Schohöningh Paderboin.
C'est volontairement que j'ai passé sous silence la longue
relation des incidents de ST.PAUL DE VENCE que j'introduirai dans
le n° spécial que je consacre à
l' « affaire Freinet ».
Les camarades qui auraient des renseignements» des coupures
de journaux relatant les incidents de SAINT-PAUL peuvent me les
confier après photocopie, s'ils le désirent, j'en
ferai retour.
Merci.
M. GOUZIL