7 – CHANGER LA VIE

Madeleine PORQUET m’avait fait l’amitié de m’inviter au vernissage de cette très belle exposition offerte aux Nantais, au musée des Beaux-Arts.
Vous lirez avec intérêt l’article de Madeleine qui fut la plus proche collaboratrice d’Élise dans la rédaction d’Art Enfantin.
M. G.


première expression

Voici réunis et accueillis dans différentes villes de France 75 travaux des écoles maternelles publiques de la région brestoise. Ce sont pour la plupart des oeuvres collectives d’enfants de 5 à 6 ans ; quelques-unes furent réalisées par des plus jeunes. D’autres – les petites peintures et dessins notamment – sont des créations individuelles. Toutes ont en commun d’être le résultat tangible de l’action persévérante de Mademoiselle PORQUET, si longtemps Inspectrice des Écoles Maternelles, pour faire admettre, à la suite de Célestin et Élise FREINET, que chaque enfant possède un besoin vital de découvrir et d’exprimer par lui-même la complexité du monde plutôt que de recevoir de l’adulte des modèles pré-établis. La classe se choisit un sujet lié aux préoccupations communes. Aussi retrouvons-nous les thèmes universels de l’enfance : la maman et le bébé, les animaux symboliques ( vaches – cheval ou oiseaux), la fleur, le soleil et la maison ou bien les événements du moment : la construction de l’école ou d’une route, le cirque ou les sous-marins.

Sans contrainte, les enfants qui le désirent réalisent des dessins sur papier.

Ensuite, la présence vigilante de la maîtresse facilite la mise en commun des éléments retenus. Conservant chacune de leur valeur, les recherches individuelles se juxtaposent plus qu’elles ne s’assemblent, car l’enfant compose peu et construit pièce à pièce. De la liberté du geste naît le rythme général. Puis la classe trace, découpe, peint, fixe, déchire, coud, colorie, colle. La maîtresse, toujours à l’écoute, anime, oriente et facilite l’exécution sans en limiter le geste ni briser le mouvement. Certes, tout ceci se passe dans une ambiance joyeuse et bruyante, mais ce n’est pas un jeu.

Pour les enfants, il s’agit non d’une distraction mais d’une expression en accord avec leur pensée comme avec la connaissance vécue qu’ils ont du monde. S’il y a création, c’est au sens de production, d’action. Devant les oeuvres, on reconnaît bien l’invention propre à l’enfant, faite de rapprochements inattendus de réel et d’imaginaire.

Les travaux des jeunes enfants constituent véritablement un langage, équivalent à la parole.

C’est même le seul langage graphique qu’ils possèdent, ignorant encore l’écriture ; sans doute le seul langage coloré, ignorant aussi la musique.

Nous sommes en présence d’une expression chaque fois renouvelée du monde particulier de l’enfance, de sa richesse longtemps insoupçonnée et de la manière variée dont chacun le vit.

Parce qu’elle est expression irrépressible, l’œuvre de l’enfant est inimitable et l’intervention de l’adulte peut être facilement décelée. Parce qu’elle est expression spécifique et directe, cette création diffère fondamentalement – même si elle en offre fortuitement certains caractères – de l’art qui tend à l’universel et veut vaincre l’instant. L’enfant est tout entier dans son œuvre qui n’est pas transposition mais présentation du monde où il vit.

RENÉ LE BIHAN
Conservateur du Musée de Brest


changer la vie
« On ne change pas sa vie à soi seul : il faut pour la changer, changer aussi la vie des autres ». Jean GUÉHENNO

En préparant cette exposition d’oeuvres enfantines des école publiques de la région brestoise, nous avons désiré offrir, par delà le visage neuf d’une cité dont il ne restait rien il y a vingt-sept ans, l’expression la plus heureuse, la plus vivante, la plus riche de la vie quotidienne de nos petits.

Une vie que, de toutes nos forces, nous voulons à la fois paisible et riche, équilibrante et rayonnante, dont les jours puissent se tisser au rythme des saisons, s’approfondir autour des émotions premières, s’enraciner dans la douceur un peu triste de notre terre, de nos ciels toujours changeants, s’évader vers l’océan qui nous environne de toutes parts, se réchauffer des joies et du labeur des hommes afin qu’imprégnés peu à peu des «  dures et douces lois » de la condition humaine, nos enfants assument joyeusement leur destin de petits d’homme. Toutes ces oeuvres ont en commun d’être le résultat d’une quinzaine d’années de mise en partage des recherches des tâtonnements, des découvertes, des joies, de la vie de milliers d’enfants et de centaines d’éducatrices maternelles liées à l’exemple d'Élise et de C. FREINET, par le désir de comprendre et de sauvegarder cette expression poétique et spontanée du monde et de l’homme qui est la marque même de l’enfance. Parce que nous accueillons, dès deux ans, les premiers balbutiements de l’enfant hors du milieu familial, rien en semble mieux définir l’activité poétique et créatrice de nos petits que cette affirmation de BACHELARD:
« sous sa forme simple, naturelle, primitive, loin de toute ambition esthétique et de toute métaphysique, la poésie est une joie du souffle, l’évident bonheur de respirer ».

Cette activité poétique qui touche à tous les domaines de l’expression : plastique, sonore, gestuelle nous paraît bien, en effet, trouver sa source dans la vie organique et affective du bébé qui gazouille et gesticule, de l’enfant qui dessine ou peint au rythme même de sa respiration qui est aussi celui de sa joie de vivre. Feuilletant, il y a quelques années, un album de reproductions de VAN GOGH avec une amie de guerre et de déportation qui n’était pas institutrice, je la vis sortir de l’album un petit dessin au crayon noir – un chien dansant coiffé d’un chapeau à fleurs – que je reconnus aussitôt pour l’un des nombreux dessins de JOJO, un de mes jeunes élèves du pays minier.

« Quand je suis lasse, fatiguée de la vie et de la sottise humaine, me dit-elle, ce n’est pas vers VAN GOGH que je me tourne. Je regarde le petit dessin et il me console, il me redonne le goût de vivre ».

La joie de vivre de JOJO, un petit Polonais de 5 ans, qui dessinait et peignait comme il respirait, avec l’étonnante fantaisie d’un enfant lourd, aux émotions confuses, rebelle à l’analyse, mais amoureux du mouvement et de la couleur, s’exprimait dans ce curieux dessin, aux détails savoureux teintés d’insolite humour, dans des personnages solidement campés mais toujours nimbés d’une étrange atmosphère où le rêve et la réalité se mêlaient de façon indéfinissable, insistante et lointaine, lourde et complexe à la fois. JOJO ne s’embarrassait point d’explications et je n’ai jamais cherché à savoir de quelles « rencontres » étaient sortis ce carnavalesque joueur de flûte ni cette dame à la canne. Mais je revois le sourire épanoui et la tranquille délectation des gestes du petit, tout entier engagé dans son œuvre qui la vit en même temps qu’il la crée et, tout-à-coup, cette rupture de rythme et la poussée de fantaisie qui crée le détail original : les petits carreaux roses dans une jambe de pantalon.

Pour chacune de nous, c’est ainsi que commença l’aventure : Au soir de chaque journée de classe, mettre d’un seul coup d’oeil un nom d’enfant sur toutes les oeuvres – et elles sont innombrables, naissant sans arrêt à toute heure de la journée – nées de la naturelle exubérance poétique de nos petits, sur tous les rythmes délivrés par le crayon ou le pinceau, nés du bonheur de respirer en recréant le monde familier de l’enfance émerveillée.

Car ce oeuvres témoignent également d’une certaine présence de nos petits au monde. Une présence qui n’est pas, comme trop souvent la nôtre, indifférente ou blasée, mais chaleureuse et dramatique.

Une présence qui engage l’enfant tout entier et, tout d’abord, son affectivité dans les êtres et les choses qui l’entourent et lui fait éprouver à la fois ’’ l’accord secret du corps humain avec les harmonies cosmiques ’’ (E. FAURE) et l’unité du monde.
Car pour comme pour le poète:
une feuille d’herbe n’est pas moindre que la journée des étoiles et la fourmi est tout aussi parfaite et un grain de sable et l’oeuf du roitelet ’’
(WHITMAN )

Une présence essentiellement dynamique qui rebrasse toute réalité et l’imprègne de vie, de chaleur, de mouvement, de tendresse. Le monde endormi se réveille, s’émeut, vibre avec les saisons:
“des arbres bleus, des arbres gris
tremblent sous la lune
leurs feuilles sont envolées
loin, loin, loin,
et les arbres ont froid ’’
avec les heures:
les nuages se roulent sur le soleil
la nuit se baisse sur la mer
les bateaux sur la mer
respirent doucement
la mer se ramasse et se roule
sur les cailloux’’.

Dans cet univers à chaque instant recrée par sa joie, cueillant ’’ les oeillets qui sentent doux ‘’ ’’ essayant d’attraper le vent » »
“écoutant une grenouille chanter dans la mer,
Oh ! dans la mer ’’
l’enfant ’’ s’en va sur ses pieds ronds
vers les étoiles
il a mis son chapeau
et il s’en va
son pied balance
à côté de lui volent les étoiles et les nuages
peut-être qu’avec des longs bras
il va attraper les étoiles”.

De ce monde naissant et fleurissant si aisément au bout de son pinceau, l’enfant tire une telle impression de plénitude et de puissance qu’il s’en trouve tout entier projeté au devant de lui-même, vers un devenir sans cesse dépassé. L’accueil chaleureux fait à ses oeuvres par la communauté, maîtresse et camarades, la mise en commun et en partage des richesses de tous ordres valorise ses expériences, soutient ses découvertes, amplifie son souffle créateur.

Les poches de nos petits sont toujours bourrées de dessins qu’ils nous offrent comme à celle qui sait voir et recevoir autant que donner, celle qui permet de conserver en soi et de multiplier cette puissance d’émerveillement sans laquelle il n’est pas d’œuvre poétique, celle qui, s’étant résolument acceptée comme compagne de l’enfance, sait se plier aux plus humbles tâches comme aux plus douces et aux exaltantes.

Ainsi, l’essentiel de notre effort d’éducatrices a-t-il été d’abord d’observer nos petits, de les écouter, de les regarder vivre, de retrouver la source profonde des émotions, de les suivre dans leurs découvertes de chaque jour, d’accueillir leurs observations, de leur donner les moyens pratiques et techniques de s’exprimer de toutes les façons possibles, par le geste, la parole, le dessin, le chant, la peinture, le modelage, la danse, de partager, au sens le plus profond du mot, leur vie d e chaque jour.

Leur donnant les moyens de découvrir le milieu dans lequel ils baignent, nous leur donnons également la possibilité d’en prendre possession, nous mettons, en jeu les forces les plus vives de leur être, forces affectives, mentales, physiques, réunies dans cet élan vital qui les projette vers l’œuvre à réaliser, une œuvre à leur mesure, mais qui déjà porte la marque de la véritable liberté, celle de l’homme responsable de l’œuvre qu’il assume.

Cependant, chacun de nos petits trouve dans ce climat communautaire de nos classes une aide puissante pour cette construction de lui-même. C’est grâce aux autres, à travers les autres, par les autres, que chacun de nos enfants prend conscience de ce dont il est capable.

Et ce fut sans doute notre plus grande joie, à nous les éducatrices, que de pouvoir “changer la vie” de nos classes en créant ces ateliers de libre expression où toutes découvertes, toutes joies, tous projets sont mis en partage, chacun avançant à son rythme, soutenu, épaulé, parfois projeté au-delà de son allure propre par ce coude à coude fraternel avec ses compagnons. Un coude à coude qui s’est peu à peu étendu à quelques centaines d’éducatrices qui, se soutenant, s’entraînant, cherchant, tâtonnant, ensemble ont fait naître, s’épanouir et donner à voir des oeuvres collectives de grande envergure – fêtes ou expositions qui furent à la fois messages et offrandes de la petite enfance. Accueillant ces premiers gestes d’offrande si émouvants dans leur forme la plus fruste : feuilles mortes en bouquets sombres tendus à bout de bras vers l’éducatrice au long des journées d’automne, pétales d’arbres fruitiers recueillis au printemps dans le creux des deux mains, coquillages qui alourdissent chaque jour les poches de nos petits et sont offerts avec tant d’élan et de grâce naïve, nous avons élargi cette offrande première à toute la vie de nos petits. Elle a été le lien qui a noué leur vie à la nôtre, leurs découvertes de chaque jour à notre désir de les élever, leur joie de créer à notre joie de les aider, à prendre conscience de leurs forces et des éléments de leur vie. C’est ainsi que vous trouverez dans ces tapisseries le milieu marin qui est le nôtre : le port de commerce de Brest avec sa grande grue, le port de guerre et son grand pont qui se lève pour laisser passer la “jeanne”, la pêche toute miraculeuse, les jeux sur la plage, préludant à l’offrande ce cette première prise de possession de la mer à la maman parée de colliers de bigornes, le “Redoutable” éperonnant un chalutier, le phare, un sous-marin fabriqué de toutes pièces (et quelles pièces) par les enfants.

Notre ciel breton est constamment animé du vol des mouettes, goélands, oiseaux de mer et oiseaux des champs qui suscitent l’intérêt permanent des enfants, d’autant plus que, fréquemment, des tourterelles partagent en liberté la vie de nos classes : la fillette aux mouettes – l’arbre aux nids portant à son faite la mère nourricière et protectrice et ses oisillons - la maman aux oiseaux dont le chapeau est un ravissant perchoir – et cette douce maison aux oiseaux de mer et de terre – et ces vols d’oiseaux peints avec tant de brio.

L’éclatement du printemps provoque chaque année un renouveau de joie créatrice qui explose dans le lyrisme des soleils en fleurs, en feuilles, en étoiles, dans les bouquets, dans les arbres fleuris aux couleurs vives ou aux bleus assourdis.

Les animaux tiennent une place très particulière dans nos classes urbaines : ainsi trouverez-vous curieusement associés une merveilleuse course de chevaux et le tiercé dominical. Les événements de la vie quotidienne, la construction d’une route dans le dernier carré vert de la ZUP, la venue du père Noël, le passage du cirque aux bêtes si joyeusement vivantes, côtoient dans cet univers enfantin les apports des voyages lointains réels ou imaginés : ma vie à Tahiti – vie japonaise ou africaine – les indiens.

Les besoins les plus profonds des enfants et tout d’abord le besoin de sécurité, de tendresse, vous les retrouverez dans toutes les attitudes des mamans, dans leurs façons maladroites, mais si émouvantes, de tenir leur enfant serré contre elles, sur leur coeur, dans leurs bras, au creux de leurs mains réunies, mais aussi dans ces représentations de mariés et d’enfants, si heureuses et fantaisistes et parfois si tendres et amoureusement vraies comme “la mémé qui tricote” et “la mariée au nourrisson”.

Le besoin de s’approprier le monde en le recréant au moyen des matériaux les plus divers va donner naissance à ces créations “d’objets” étonnantes de vie subjective et d’invention : bateaux – grue – mariés – mamans et enfants – clown.

Cette fabrication d’objets est particulièrement enrichissante pour nos petits qui se trouvent alors confrontés à de véritables problèmes de volumes, de mesures, d’équilibre qu’ils ont résolus seuls, chacun à sa manière, sans que leur enthousiasme de jeunes créateurs faiblisse un seul instant.

Car le premier mérite de cette liberté d’expression est cette disposition permanente à l’invention : la tapisserie de Landerneau – Marie Curie – qui représente la construction de l’école en est un exemple éclatant : les matériaux les plus divers – mosaïque – morceaux de liège, de réveil, de briquet démontés par les enfants et réutilisées pour les mécanismes des grues et des machines, ont été apportés en classe par les enfants eux-mêmes et réinvestis après démontage dans l’œuvre commune.

Et maintenant, regardez ces oeuvres comme vous regardez vivre et jouer vos propres enfants lorsqu’ils ont entre 4 et 6 ans. Ne cherchez ici ni procédés éducatifs ni recettes pédagogiques, ni ressemblances plus ou moins fortuites avec des oeuvres de maîtres offertes à ces enfants et auxquelles ils auraient emprunté telle ou telle technique, tel ou tel sujet.

Imaginez ces ateliers où se pratique la pédagogie FREINET de libre création mais aussi de communication et de travail communautaire, ces tables au matériel collectif que des groupes de 2, 4, 5, 8 enfants utilisent à tour de rôle, ces ateliers de peinture, de dessin, de découpage – collage, de bricolage, de monotypes, de décoration où toutes les expériences mille fois renouvelées sont permises, soutenues, valorisées.

Voyez naître avec nous ces premières taches de couleur, puis, du geste rond auquel est parvenu le bébé de 3 ans, voyez surgir ces premières formes auxquelles il va donner un nom, enfin voyez s’élaborer sous la suggestion plus ou moins vive du milieu, de l’institutrice, des camarades, toute une série de genèses révélatrices de l’univers enfantin : genèse de bonshommes, de maisons – de bateaux – d’autos – d’animaux - d’arbres – de fleurs que l’enfant élabore en tâtonnant, qu’il abandonne et reprend, au gré de ses réussites et des encouragements reçus.

C’est ici que la faculté d’accueil de l’institutrice se fait subtile et illimitée : ne pas redresser le trait biscornu, ne pas nettoyer d’autorité le pinceau ébouriffé, ne pas exiger la couleur en boîte, la couleur pure, ne pas limiter le gâchage de matière alors qu’il ébauche… ne pas ordonner, dévitaliser l’informe en y projetant le formel.

Essayez, parents, d’aimer le premier barbouillage de votre enfant et d’y découvrir un sens ! Cependant, dans nos classes-ateliers, votre enfant apprend à renouveler le miracle de sa réussite fortuite, car on la lui fait apparaître, on lui en fait prendre conscience dans un climat de sympathie et d’enthousiasme. On expose son œuvre parmi celles de ses égaux, on l’introduit dans le jugement, dans la discussion fertilisante parce qu’elle met en partage la vie du coeur et de l’esprit.

Si, à 3 ou 4 ans, les enfants peuvent travailler côte à côte sans rien s’emprunter, de 4 à 5 ans et surtout de 5 à 6 ans, ils deviennent plus attentifs aux essais d’autrui, soit qu’ils leur plaisent ou soient appréciés par la maîtresse.

Ils s’efforcent alors de s’en approprier le secret : celui de telle ou telle technique de rendu pictural, de tel détail de forme, de tel sujet de dessin. Mieux : nous arrivons à 5 ans à cet ‘’ âge de grâce ‘’ où l’enfant, en possession mentale et physique de son propre corps, de ses propres gestes, de son extrême aptitude à l’expression poétique sous toutes ses formes, est capable d’un certain équilibre dans le comportement, où il va essayer de dominer les situations nouvelles et son propre développement, de s’adapter.

C’est alors que vont naître et s’épanouir, dans ce monde sensible communautaire qu’est la classe, ces projets individuels et collectifs qu’ensemble les enfants mèneront à ce terme éclatant que nous vous donnons à voir. Parce que l’éducatrice sait encourager, accueillir, valoriser, tout en donnant le goût du travail bien fait, celui de la pensée sincère, celui de la critique constructive.

Parce qu’ainsi se réalise à travers une coopération continue née d’une camaraderie active cette “éducation du travail” dont FREINET fait le moteur de son “école du peuple”.

Vous comprenez alors comment la réalité de tous les jours peut se muer en un monde chaleureux où la vie coule d’un même élan des éléments naturels ou fabriqués aux animaux et aux hommes où le tiercé devient chevauchée fantastique, où l’enfant crée pour son émerveillement et le nôtre un monde dynamique, cocasse, fraternel, préfiguration de cette vie nouvelle qu’il réinventera demain si nous savons le lui permettre.

MADELEINE PORQUET