quelques d’extraits d’archives
à propos de l’École Buissonnière
par Émile Thomas

bulletin des Amis de Freinet n°56 pages 15 à 22 (décembre 1991)



page en cours de réalisation


couverture de la BT n°100 22 janvier 1950


couverture
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pages de la course des escargots
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le film L'École Buissonnière
par Célestin Freinet

Ce film, qui a été déjà présenté en séance privée à Paris à diverses personnalités de l'Enseignement, sera sans doute lancé fin Mars. Et nous pensons le projeter à notre Congrès d'Angers.
Mais nous avons d'ores et déjà, à donner sur cette réalisation quelques explications préalables.
Ce film n'est point le film de nos techniques qu'attendent les camarades. Il est plutôt, disons le drame de la vie de Freinet et des luttes pour l'enfantement de techniques tellement passées aujourd'hui dans nos moeurs pédagogiques qu'on a peine à imaginer les réactions violentes et haineuses qu'elles ont pu susciter il y a vingt ans, et dont certaines de nos difficultés actuelles sont d'ailleurs le reliquat: premières expériences d'imprimerie, enthousiasme des enfants, magie de la correspondance avec Trégunc (Finistère), mais aussi levée de boucliers de la réaction qui aboutit à l'affaire de St Paul, dont nos adhérents veulent absolument que nous ravivions le souvenir un jour prochain.
Seulement, voilà: ce film n'est point un film pédagogique, mais un film destiné au grand public, que le metteur en scène a quelque peu romancé naturellement et surtout qu'il a dû dépouiller, au risque de le voir boycotter, des éléments essentiels du drame: la laïcité. la lutte cléricale, et la basse politique réactionnaire.
Vous ne verrez pas non plus dans ce film la technique Freinet en action pour ainsi dire. Le metteur en scène s'est attaché surtout à montrer au public les avantages psychiques et humains de nos techniques, ce renouvellement, cette reconsidération de la pédagogie sur la base des intérêts et des besoins enfantins. Et il a, à mon avis, fort bien réussi.
Quand vous verrez ce film, n'en faites donc pas la critique de votre point de vue d'instituteur, mais en tant que profane en pédagogie. Voyez si le public est intéressé et comprend cette idée de pédagogie nouvelle. Si oui, le but limité que nous nous étions fixés est atteint. J'ajoute que le Chanois s’est suffisamment imprégné de notre pédagogie pour que ce film soit, en définitive, une étape sur la voie de la revivification de notre École populaire.
A condition cependant que la “critique” ne s'applique pas à tout brouiller avec une partialité déconcertante. Dans le n° du 1er février de l'Écran Français, Raymond Barkan présente très longuement le film sans prononcer jamais le nom de notre Coopérative de l’Enseignement Laïc, de l'institut de l'École Moderne, et, fait plus grave, il donne à d'autres la paternité de notre oeuvre commune.
Il écrit: “Le récit de Le Chanois a le mérite d'être inspiré par des faits authentiques. Il s'agit des progrès scolaires et humains résultant de l'application des méthodes pédagogiques “actives”, dite “méthodes Montessori”.
Tirons l'échelle pour l'instant, en demandant à nos camarades de rétablir, chaque fois qu'ils en ont l'occasion, la vérité. Non pas, en citant Freinet qui n'a que faire de cette réclame, mais en n'attribuant pas à la pédagogue Montessori, passée au fascisme et au cléricalisme, l'oeuvre d'un des plus puissants mouvements pédagogiques de ce siècle.
Si ce film ne sert pas nos techniques, il sera contre nous. A nous donc, coopérativement, de veiller au grain.
Dans un prochain numéro, nous donnerons quelques précisions sur les conditions dans lesquelles a été tourné ce film.
C. Freinet
P. S. - Le film technique attendu est en préparation, mais en 16 mm. Nous en reparlerons. Nous comptons publier également le mois prochain l'Histoire du Mouvement de l'Imprimerie à l’École.
l’Éducateur n°10 du 15-02-49


“L’École Buissonnière”
par Célestin Freinet

La projection du film dans l'après-midi de la première Journée a été incontestablement un des événements du Congrès.
Devant les simples Images. qui sont si familières aux éducateurs de notre C.E.L, les yeux se sont embués de larmes, et .notre cher Daniel, qui fut d'abord l'unique à l'origine de la compréhension des choses, a, plus que tout autre, ressenti cette émotion profonde qui sacre l'artisan d'une grande idée. Qui sait? Peut-être sans Daniel, qui fut le premier symbole de l'oeuvre collective, il n'y aurait peut-être pas eu “l’École Buissonnière” et le Congrès d'Angers?
C'est dire combien nous avons voulu situer ce film dans l'exactitude des faits et combien la part de l'invention du scénariste reste infime. Pas à, pas, méticuleusement, Élise Freinet est remontée aux sources humaines qui ont orienté notre Pédagogie populaire. Les documents, les faits psychologiques qui nous émeuvent sont tout entiers consignés dans le cahier de bord qui reste le témoignage de la plus exigeante authenticité. La toute première scène de la course des escargots est effectivement le point de départ de ma compréhension personnelle d'une pédagogie, axée sur la personnalité profonde de l'enfant.
Le temps a marché. Les hommes ont compris. Pas tous cependant et le discrédit est toujours prêt à, jaillir sur l'oeuvre féconde pour l'étouffer et la détourner de ses buts véritables, psychologiques et sociaux. Les événements de St-Paul dont “l'École Buissonnière” n'est qu'un léger euphémisme, vous font comprendre les dangers qu'une société imparfaite fait courir à notre généreux et collectif élan. Il vous fait comprendre aussi combien est fragile le destin du novateur se frayant une route à, travers les conformismes et les dogmatismes divers qui n'ont point compris encore la mobilité et l'enrichissement permanent de la personnalité de l'enfant. Ces luttes que nous avons vécues, ces injustices que nous avons subies, restent encore notre lot. Il ne faut pas croire que l'aventure de St-Paul se soit terminée simplement, romantiquement par un succès au Certificat d’études. Là est l'unique et dangereuse invention du cinéaste pour nous, éducateurs. Là est le piège tendu au néophyte qui ne viendrait parmi nous que pour cueillir des lauriers. Non, camarades, la lutte n'est pas terminée, car la Société reste trop imparfaite pour nous comprendre. Vous êtes assez initié aux réalités sociales pour laisser au scénario la part romantique qui lui revient, çà et là: la quelconque aventure sentimentale, le succès théâtral d'un candidat du Certificat d'études. Votre part à vous, Éducateurs, elle est dans la belle aventure pédagogique cueillie pas à pas dans notre dure vie par Élise Freinet. À l'écart de tout effet grandiloquent, il a suffi que nous regardions vivre l'enfant, que nous le retrouvions dans les événements consignés dans nos archives, que nous fassions jaillir de ses gestes spontanés, la flamme invincible qui nous dirige, nous exalte parce qu'elle est promesse de vie et d'avenir meilleur. D'innombrables lettres de Professeurs, d'Instituteurs, d’Intellectuels nous parviennent et que nous pouvons résumer par ces mots d'un honnête homme critique scénariste:
“C'est parce que chacun de vos gestes touche l'enfant avec intention et délicatesse, c'est parce que chacune de vos paroles est l'apanage d'une expérience vécue que vous avez su nous offrir dans cette simplicité unique, ce “beau poème d'enseigner" dont parle Makarenko. J'ai déjà vu trois fois L'École Buissonnière, j'irai le revoir, encore, persuadé d'y trouver chaque fois, la marque de cette ample compréhension de la vie qui est votre marque unique, mon cher Freinet. Heureux, le Cinéaste qui s'est laissé humblement guider par vous, car, n'en doutez pas, il est certainement conscient d'avoir dépassé la question du sujet, pour vous laisser tout simplement délivrer le chef-d'oeuvre. Et laissez faire la conspiration du silence, cette mesquine prétention d'étouffer la vérité n'a plus de prise à l'heure où, avec des milliers de vos camarades, vous avez installé partout, en France, des Centres d'action pédagogique enthousiastes qui savent les exigences de vos efforts. Pour moi, pour nous, car nous sommes nombreux à vous suivre dans vos difficultés, laissez-nous vous remercier de nous avoir donné ces instants d'espoir vers une humanité plus intelligente et plus humaine.”
Des lettres semblables nous parviennent nombreuses de la part des camarades qui ont vu le film. Bien qu'il ne soit pas l'image exacte de notre Pédagogie, ils en dégagent eux-mêmes l'ampleur et l'humanité. Ils savent surtout que c'est là l'image de notre oeuvre, et c'est à ce titre que, tous, ils nous font part de leur désir de la revendiquer et de la défendre. Rien de plus facile: Renseignez-vous des dates de projection du film dans vos villes et rédigez vous-mêmes l'article qui situe à sa vraie place un scénario qui est en fait, notre bien commun. Camarades, qui versez des larmes au spectacle de “L'École Buissonnière”, faites un geste pour que dure, pour que s'amplifie ce beau mouvement CEL, qui est notre joie, notre orgueil à tous, devenez les artisans de l'avenir pédagogique de ce pays: les éducateurs enthousiastes, et aussi les coopérateurs sans reproches. C'est la meilleure façon de nous montrer que vous avez compris le message de “L'École Buissonnière” et de tout ce qu'Élise Freinet y a mis pour nous.
C. F.
L’Éducateur 15-16-17 1er-05-49


Page des parents
Nous ne sommes plus seuls


Dans une scène du film “L’École Buissonnière”, les enfants d’un petit village de provence accueillent et débattent religieusement le colis de leurs correspondants de Trégunc (finistère).
le héros du film, l’instituteur ému jusqu’aux larmes, dit alors:
-Nous ne sommes plus seuls!
l’Éducateur n°3 1-11-49


couverture de l’Éducateur n°18 du 1er juin 1949




l’Éducateur n°19 15-06-49



l’Éducateur n°3 1er-11-49


L’O.N.U. patronne “L’École Buissonnière”


Nous apprenons que l’ONU vient d’accorder son patronage au film français “L’École Buissonnière” dont nous avons maintes fois souligné la valeur pédagogique, sociale et humaine.
Le Conseil du cinéma de l’Organisation des Nations Unies donne son avis en ces termes:
“L’École Buissonnière illustre d’excellente manière l’un des aspects de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme; il est de plus remarquable au point de vue artistique. Nous sommes heureux d’accorder sans réserve le patronage du Conseil à ce film.”
Réjouissons-nous d’un tel patronage. Il est à l’honneur non seulement du film et de son réalisateur, mais encore à celui des pionniers qui en ont préparé et inspiré l’esprit.
Ravé
l’Éducateur n°10 15-02-50



l’Éducateur n°15 15-04-50



l’Éducateur n°20 15-07-51



l’Éducateur n°13 15-06-52