Ce que la dŽcouverte de
la PŽdagogie Freinet
a changŽ pour moi
par Germain Raoux
Je ne dis
pas la rencontre avec les Freinet mais la PŽdagogie Freinet, puisque j'y suis venu
en 68 aprs la mort de C. Freinet. Je dois dire que le ÒterrainÓ Žtait en
partie favorable : une ascendance franchement libertaire (et anarchisante)
par mes grands-parents paternels, un vague dŽsir de sortir des sentiers battus
sur le plan pŽdagogique : j'avais mis les Žlves de ma petite classe
rurale ˆ plusieurs cours en relation avec une Žcole du Jura (ˆ propos de
l'horlogerie), nous avions aussi une amorce de classe coopŽrative gr‰ce ˆ la
vente de produits de cueillette (tilleul de l'Žcole, pissenlits des prŽs
voisins, culture de cactŽ). Mais tout cela Žtait bien diffus. Et puis Mai 68 a
provoquŽ la rencontre avec les militants confirmŽs du Groupe 44, en
commenant par Jean Le Gal.
Aprs ce
fut la rŽvolution pŽdagogique personnelle. J'Žtais alors en collge :
libertŽ de parole aux jeunes, prises de dŽcisions, crŽation du journal, conflit
avec l'administration (sur la libertŽ de circulation, et d'expression surtout).
Le
changement d'Žtablissement, l'implantation dans l'Žcole, puis dans le quartier,
l'Žlargissement et l'affinement des moyens d'expression (pas toujours
conventionnels). Tout ceci en profitant des remises en question des annŽes 70,
de circulaires ministŽrielles favorisantes, de l'arrivŽe au mouvement d'une
nouvelle vague du 2nd degrŽ (Žtoiles filantes trop souvent), de la solidaritŽ
du Groupe DŽpartemental ˆ l'occasion...
Je ne
vais pas entrer dans le dŽtail de cette petite odyssŽe pŽdagogique, il a ŽtŽ
publiŽ des quantitŽs de tŽmoignages sur ces vŽcus. Je vais plut™t essayer de
dire les consŽquences sur ma vie. Tout d'abord, j'ai osŽ dire et faire ;
entrer dans les conflits, les vivre et parfois dŽjouer de vraies cabales ;
affronter quoi ! Et puis il y a eu le changement total avec les jeunes ;
une forme de respect mutuel. Avec les adultes aussi, parents en particulier, o
finalement la collaboration a dominŽ (malgrŽ de furieux assauts de familles
rŽactionnaires, ou inquites). Avant je n'aurais pas osŽ des rŽunions ouvertes
aux parents en prŽsence des Žlves. Je n'aurais pas non plus osŽ affronter les
collgues sur ce point. J'en reviens donc ˆ l'assurance dont j'ai parlŽ.
Assurance acquise aussi dans nos stages, en co-formation ; les plus
efficaces ayant ŽtŽ ceux de la Commission Expression Corporelle. D'o
finalement a dŽbouchŽ toute une prise de conscience sur l'alimentation saine,
les mŽdecines naturelles et la prise en compte de sa santŽ, de son tre
corporel, les relations franches, le naturisme, les Žchanges inter-culturels et
internationaux.
Tout un
vŽcu avec ses remises en question, ses doutes. A la retraite j'ai conscience de
continuer une vie o les relations humaines et le vŽcu quotidien sont le
prolongement des choix Žducatifs et pŽdagogiques. Je ne suis plus ˆ l'Žcole
mais mon expŽrience pŽdagogique me sert toujours. Je continue ˆ rencontrer des
enfants, des groupes d'adultes ou d'ados (en particulier avec la musique et la
danse traditionnelles). Non pas parce que je ne sais pas quoi faire, mais parce
que c'est maintenant ma seconde nature. Et je ne conois pas de ne plus militer
ˆ 1ÕI.C.E.M.
Germain Raoux
bulletin Amis de Freinet et de son mouvement n¡77
juillet 2002 page 64