Extraits de correspondance : J’ai retrouvé au fil des lettres de Paul plusieurs passages qui m’ont beaucoup aidée dans ma démarche personnelle et qui pourraient je pense en aider d’autres, je vous les transmets donc, un peu en vrac, faites-en votre miel...

Pascale Borsi

Le triple désir de nudité de l’être humain

« ...Tu as dû parvenir dans mon livre à l’exposé du triple désir de nudité de l’être humain :

Il veut des dépouiller de ses habits, de ses idées, de ses fantasmes.

Il rêve de son corps nu, de son esprit nu et de son âme nue. Et il guette toutes les occasions qui pourraient lui permettre de réaliser son triple objectif, ce qui s’exprime par la liberté surprenante que l’on ressent dans les camps de naturistes, mais aussi le bonheur de pouvoir dire tout ce qu’on pense, tout ce que le choc avec la réalité a suscité en nous de constructions, de théories, d’idées parce qu’il est naturel à l’être humain de se créer des structures pour mieux lire, mieux recevoir le monde, pour s’en protéger ou mieux le comprendre afin de pouvoir y trouver sa place.

Et puis, tous les évènements de notre enfance première et même bien avant ont suscité des pulsions multiples et fortes, mais inavouables dans la société qui a créé des structures, des outils pour pouvoir s’en protéger. Et le rêve de pouvoir tout dire vous habite alors (je l’ai réalisé !). Mais la société veille et vous punira, parfois mortellement si vous transgressez tout le système d’interdits, de tabous, défense de, é vietato, das ist verboten....

Cependant, elle autorise la fiction. Comme le dit Michel Onfray : « L’ethicien réduit le flux (des pulsions) a des formes élégantes ! » (d’où la littérature, les films, la musique etc....). »

« ...Chaque être humain est chargé de mille choses à dire, mais on ne les livre pas en bloc.

On commence par la première couche, la plus superficielle, celle qui n’engage pas trop et qui ne risque pas de provoquer des retombées désagréables. Et puis, au fur et à mesure de la perception de degrés supérieurs de sécurisation, on, fait progressivement des pas de plus.

Cela se fait souterrainement, sans même qu’on ne le sache.

Et, un jour, ça éclate en plein jour pour le plus grand bonheur de celui qui se délivre ainsi et sans que personne n’en ait à subir quoi que ce soit.

L’adulte n’a rien à faire, à chercher, à essayer de comprendre.

En fait, cela ne le regarde pas. Il travaille aux conditions de sécurisation et c’est tout.

Mais c’est quelquefois trois ou cinq ans et même vingt ans après que j’ai su qu’il s’était passé quelque chose d’important, sinon de primordial pour l’auteur de sa délivrance.

Voilà un boulot possible pour beaucoup d’êtres conscients. »

Le texte quotidien : l’écrilecture en CP/CE1

« L’écrilecture, c’est facile et efficace : chaque jour un texte au CP et un au CE1 pour chaque enfant. Ce texte est corrigé et recopié. Et, en plus, on recopie également les textes travaillés légèrement au tableau pour mise au point...Moi, à la limite je m’en fous de la lecture.

Les ministres, parents, collègues ne pensent qu’à ça alors que c’est se soumettre à la pensée des autres. C’est la construction de la pensée personnelle qui m’importe...

Cependant, pour avoir l’air normal, j’avais un livre, c’était un livre de contes qu’au début je lisais trois fois avant qu’ils ne l’emportent à la maison pour qu’ils lisent « au sens ». Et puis, je passais à deux, puis à une seule lecture préalable. Ça suffisait parce qu’ils avaient assimilé plein de morphèmes, ce qui rendait la lecture plus courante. »

« ...C’est vraiment une erreur de croire qu’il faut de la correspondance, une organisation poussée, une telle dépense d’énergie. (Je m’interrogeais dans ce courrier sur mon incapacité personnelle à mettre ne place une méthode de lecture naturelle telle que je l’avais vue

pratiquer dans certaines classes ou sur le document vidéo enregistré dans la classe de Danielle de Keyser ). Il faudrait absolument démolir cette vision des choses dans le mouvement, parce que l’écrilecture peut être source de mille joies. Et les enfants en ont besoin aujourd’hui encore plus qu’hier... »

Confiance en eux des instits/estime de soi

« Il faut, disait Bachelard, restaurer l’estime de soi ». C’est pour ça que je rédige mon itinéraire en montrant qu’à partir de zéro on peut tout de même faire du chemin en s’attachant à chercher simplement des réponses aux questions qui , nécessairement, se posent. Il n’y a surtout à imiter personne ; on fait avec ce qu’on est, on construit sur soi avec ses qualités... »