- Cette page est en cours de fabrication.
Son aspect et son contenu ne sont pas définitifs.
- Les messages sont dans l'ordre
chronologique inverse.
-
28 janvier 2009
- la perte d'une lumière
- Nous aurons vécu trop proches, et si souvent, avec Le
Bohec pour que je n'éprouve pas cette douleur. Il est de
cet esprit qu'il a recherché, illustré,
défendu, offert et son départ prend une dimension
particulière, la perte d'une lumière. Je souhaite
que des jeunes aussi relèvent la tête en dépit
de tout ce que le siècle paraît interdire. Il n'a
jamais fait paradis sur Terre, ni maintenant ni autrefois, chaque
heure, chaque stupidité violente, chaque haine
imbécile, chaque préjugé facile et
restrictif, chaque routine qui confond sa
généralité avec la vérité,
chaque désespéraeunce s'est heurtée à
la solidité de notre expérience positive, ni plus ni
moins fragile que la vie, aussi engagée, aussi belle, et
maintenant peut-être jamais autant en danger.
- Paul Delbasty
-
28 janvier 2009
- C'est super maintenant !
- Et encore merci pour ce site, il est fréquenté
par nos jeunes du groupe qui trouvent que c'est une mineÉ
- Et pendant que je suis dans les observations, il y a encore un
petit guillemet qui traîne : Naturellement math »
n°8 mai 1992
- Amicalement
- Monique Quertier
-
27 janvier 2009
- Il s'agit d'un échange de lettres entre Paul et Roger
U. du 26/10/1992 et la réponse de Paul du 11/12/1992.
- Josette Ueberschlag
- Courrier de Roger le 26/10/1992:
- "Mon cher Paul,
- Tu es le gardien du FEU! C'est ainsi que je te
symboliserais si j'étais invité à faire ta
biographie.
- Freinet ne s'était pas désigné
d'héritier spirituel par scrupule ou entêtement
à se croire éternel. Ceci nous a valu des querelles
de famille et des découragements qui sont loin de prendre
fin. Mais, tu n'y a pas pris part, tu es resté au contact
de cette flamme qui signale beaucoup plus qu'un réservoir
inépuisable de techniques: Une certaine manière
d'observer avec empathie les humains, adultes et enfants qui nous
entourent, avec un art de réagir positivement à
leurs inquiétudes et à leurs maladresses. Tu as
réussi à incruster dans ton coeur la
générosité ensoleillée des Italiens,
l'amour-propre des Espagnols (avides d'amour tout court), le
bon-sens modeste des Belges, en attendant de te laisser envahir
par la chaude et lyrique sensibilité slave, la
naïveté simplificatrice mais touchante des
Anglosaxons. Tu as raison de voyager beaucoup. C'est la vraie
école d'humanité. C'est ça TA méthode
naturelle, mon vieux, sur laquelle il est possible de greffer
toutes les techniques de la conquête du monde.
- Tu vois, chez moi aussi, le "naturel" revient. Sans m'en
apercevoir, j'ai rédigé pour toi mon ultime rapport
d'IN(tro)SPECTION. Comme si je ne voulais pas mourir sans te dire:
"Tiens bon! Tu as vingt ans d'avance sur la lecture roborative de
tes écrits, on parlera de toi autant que de Freinet et on
associera vos deux noms dans les manuels de pédagogie.
- Je t'embrasse.
- Roger
- -
- Réponse de Paul du 11/12/1992:
- Cher Roger,
- Gardien du feu, enfin oui peut-être, mais pas vestale,
ou mieux "vesteau". Je serais plutôt "boute-feu" pour
allumer des désirs d'actions et de réalisations et,
aussi, pour réduire en cendres toutes les
imbécillités qui peuvent être écrites
du Haut, je ne sais plus d'ailleurs de quelle grandeur.
- Je préfère aller mon petit bonhomme de chemin
saisissant toutes les occasions de semer une graine, d'allumer une
étincelle... C'est pour cela que je suis allé faire
de l'écriture dans une prison, un hôpital, avec des
enfants handicapés etc. Sans négliger
évidemment les groupes d'écriture collective avec
des adultes qui me sollicitent assez régulièrement.
- Mais la grande affaire en ce moment, ce sont les
voyages.
- Puis, sur deux pages, Paul raconte alors ses interventions
à Moscou, à Madrid et en Toscane.
- Je me dépêche aussi d'écrire tout ce que
notre expérience (celle de Jeannette et la mienne) nous ont
permis de découvrir dans nos classes. Je pense que notre
message n'a aucunement perdu son utilité. Bien au contraire
même.
- Voilà, chacun aura ainsi fait ce qu'il avait à
faire suivant ses capacités. Il est clair en ce qui te
concerne que rien de ce qui se réalise sur le plan
international n'aurait pu exister sans ta vision et tes
prévisions larges, sans tes capacités
organisationnelles, sans ton intelligence et tes convictions. Nous
suivons la même route. Et nous avons encore bien du travail
à réaliser.
- Je t'embrasse.
- Paul
-
25 janvier 2009
- Paul Le Bohec, ancien compagnon de Freinet vient de mourir. A
88 ans il n'avait rien perdu de son enthousiasme ni de ses visions
d'avenir. Voilà un homme âgé dans son corps
qui est mort jeune dans sa tête. Il avait conservé
toute sa bonne humeur et tout l'humour qu'il distillait
malicieusement, toujours en riant de la bouche et des yeux. Il
avait su s'affranchir des techniques
stéréotypées pour aller chercher ce qu'il y
avait de plus profond chez les enfants d'abord, puis chez les
adultes ensuite, pour leur permettre de « réparer
leur destin ». On pourrait dire, avec Boris Cyrulnik,
qu'il leur donnait les moyens de leur résilience. Il aura
donné l'exemple de la réflexion pédagogique
nourrie d'une observation et d'une écoute exceptionnelle.
Il aura montré qu'avec une patience infinie on obtient
souvent des miracles. En témoigne ce dernier ouvrage qu'il
a mis au point sur le gaucher. Car c'est la complexité
qu'il faut prendre en compte et contrairement à ce que l'on
croit fréquemment aujourd'hui, les raisonnements simplistes
ne mènent à rien de solide. C'est par l'attention
qu'on porte à la personne qu'on lui permet de progresser.
- L'expression et la création sont les sources de la
construction (ou de la reconstruction) de la personne.
Voilà quelques uns des enseignements majeurs que Paul Le
Bohec nous aura laissés. Toute sa vie d'enseignant il aura
lutté contre le B-A = BA abêtissant. Avec Freinet et
quelques autres, il aura montré que c'est la prise en
compte de l'individu en tant que personne dans son
intégralité qui est la base de toute
éducation.
- Paul était en perpétuel réflexion et
l'effervescence de ses idées se traduisait par une
imagination créatrice sans limite. Les relations entre ses
observations des enfants et des faits l'amenaient à de
perpétuelles inventions et innovations pédagogiques.
Nul n'a su mieux que lui s'adapter aux situations nouvelles qui se
présentaient à lui. Il voyait d'instinct le rapport
nouveau dont il allait tirer parti pour une nouvelle pratique
pédagogique adaptée au cas nouveau qui posait
problème
- J'ai quelques souvenirs de ces présentations en
congrès ou en stages, toujours surprenantes d'intelligence
provocatrice car pour lui la simplicité c'est la
complexité. Et voici qu'il décrit les enfants de sa
classe à la recherche de la mise en équilibre
des objets. Ainsi, quoi de plus simple qu'un boîte de
pastilles Valda dont la brillance intérieure a toujours
fasciné les jeunes enfants, quoi de plus simple de la poser
ouverte pour qu'elle tienne debout. C'est ce que font les enfants
après une série d'essais, d'expériences, de
tâtonnements. J'entends encore ton
enthousiasme : « Vous ne voyez pas ? vous
vous rendez compte ! Il a découvert ce que c'est que
le polygone de sustentation ! Et maintenant il l'applique
pour construire des objets qui tiennent debout ! et vous
voyez tout ce qu'il va découvrir dans son
environnement ! ».
- C'est ainsi qu'il nous invite à porter attention
à de toutes petites choses, à ce qui nous
paraît, à nous, de toutes petites choses simples pour
en voir, au-delà des apparences, tout
l'intérêt, toute l'ouverture à la
complexité.
- Sans cesse il se remettait en cause par de nouvelles
recherches. A un stage il nous présente avec sa verve
habituelle, son enthousiasme permanent, un plan de travail dont il
nous dit toutes les merveilles qu'il en tire. Je lui dis mon
scepticisme sur certains points et il me démontre que j'ai
tort, que c'est un progrès extraordinaire. Il me convainc
et je travaille d'arrache-pied à mettre cela au point
dans ma classe au cours de l'année suivante. Et ça
marche.
- Je le lui dis au stage d'après. Il part d'un grand
éclat de rire. « Mais non ça ne colle pas
bien. J'ai refait un nouveau « truc » et
alors, là c'est autre chose ! » Pou lui,
c'était bien jusqu'à ce qu'une autre
découverte rende caduque celle d'avant. Le voilà,
Paul, toujours en recherche. Une invitation pour nous aussi
à nous remettre sans cesse en question.
- La démonstration que la pédagogie
Freinet est une pédagogie
évolutive !
- Pour que nous puissions profiter de son expérience,
c'est cela que dans ses ouvrages il a cherché
à nous faire comprendre au travers des récits des
cas concrets qu'il y a décrits. C'est aussi cela qu'il
mettait en Ïuvre dans ses conférences ou au cours des
stages et rencontres qu'il animait avec son humour permanent. Et
ses jeux de mots continuels créaient la
détente dans ses relations aux autres qu'il pouvaient
craindre ou difficiles ou bien entre deux discours arides.
- Au moment où l'on est en train de vouloir
bureaucratiser l'enseignement par les EPEP il est la
démonstration même qu'il faut laisser aux enseignant
la maîtrise de l'organisation de leurs projets et une
liberté d'ation absolument nécessaire pour qu'une
véritable avancée pédagogique demeure
possible.
- Guy Goupil
-
22 janvier 2009
- Bonsoir,
- Comme convenu, quelques écritures pour le site de Paul.
- Un petit texte écrit par une étudiante en
licence des sciences de l'éducation après la
conférence que Paul a faite le 25 novembre à Rennes
2, sa dernière conférence publique:
- -
- Car on doit aborder la vie avec passion et liberté.
- Car selon moi, l'ouverture à autrui nous permet
d'évoluer.
- C'est avec respect et plaisir que j'ai écouté un
philosophe, en quelque sorte, qui a fait surgir en moi un
déclic.
- C'était comme une sorte de libération.
- Cette rencontre émouvante et enrichissante m'a fait
rappeler que l'on pouvait choisir.
- Je pense que pour la plupart des gens présents, les
mathématiques joyeuses sont une découverte.
- Depuis les questionnements sont multiples mais l'envie
d'apprendre aux autres est grandissante.
- -
- J'ajoute cette petite phrase que Paul m'a dite lors de
notre dernière rencontre :
- "Si je n'avais vécu que jusqu'à 86 ans, je
n'aurais pas trouvé ma cohérence
interne"
- -
- Et ce que j'ai écrit lors de l'hommage de mercredi,
où j'ai eu le plaisir de rencontrer des copains que je ne
connaissais pas encore :
- -
- Bigre !
- C'est toi Paul qui m'a fait découvrir les ateliers
d'écriture qui sont venus occuper le centre de ma vie.
- D'abord le rire!
- Et Les gros mots...
- S'autoriser
- Absolument
- Inconditionnellement
- Lorsque je t'ai raconté - lors de nos retrouvailles, en
mars - ce que je fais dans mes ateliers, avec ton sourire
espiègle, tu m'as dit :
- "Qu'est-ce qu'on doit s'emmerder dans tes ateliers
d'écriture!"
- Alors là, t'exagères!
- Je sais que Paul me considérait comme une intello !
Mais en même temps, au cours de ces deux
conférences (en septembre et en
novembre) auprès de mes étudiants, la
complicité joyeuse que nous avons pu vivre nous a rendu
très heureux, tous les deux. Ces instants-là sont
inscrits dans le corps, l'esprit et le coeur!
- Inoubliables.
- Françoise Bréant
-
21 janvier 2009
-
- Pour l'instant, je ne trouve pas les mots alors je
préfère bâtir.
- Hervé Moullé
-
21 janvier 2009
- Hommage, ramage, plumage...
- ... Message:
- (groupe d'écriture collective - stage Belley août
2006)
- -Mais Paul, est-ce qu'on doit continuer la phrase du voisin?
- -ON EST LIBRE.
- -Est-ce qu'on doit inventer une autre histoire?
- -ON EST LIBRE.
- -Est-ce qu'on doit...?
- -ON EST LIBRE NOM DE DIEU!!!
- Francine Tétu
-
21 janvier 2009
- Cette lettre de Paul est datée de février 90 :
elle est donc de 10 ans antérieure à la publication
de son livre "Sud gare" qui était cependant peut-être
déjà en germe...
- Avec une classe de CE1 j'avais fait toute une
série de sorties dans différents lieux aux alentour
de l'école Léon Grimault et je leur avait
proposé d'écrire à Paul qui avait vécu
sa jeunesse dans ce quartier.
- Au moment de la sortie de son livre il y avait eu une
rencontre des anciens élèves de l'école de
Quineleu à laquelle je m'étais rendue. Il prenait
grand plaisir à évoquer ces souvenirs avec l'oeil
allumé d'un petit air gamin. Cette école reste
très marquée par la proximité de la gare
et le grand nombre de cheminots qui habitaient ce
quartier. J'avais été très
intéressée par ce livre de Paul car j'habitais
aussi ce quartier et que par ailleurs je suis petite fille de
deux grands-pères cheminots!
- Pascale Bourgeois
-
21 janvier 2009
- Paul, l'ami, le compagnon, l'éclaireur
- La pédagogie Freinet ne peut se comprendre sans tenir
compte de tous les camarades qui autour de Freinet ont permis que
se développe l'oeuvre collective qui nous a tous
transformés au plus profond de nous-mêmes.
- Oui, la pédagogie Freinet n'est pas la pédagogie
de Célestin tout seul, ni de Célestin et Elise,
même si nous savons tous combien nous leur devons.
- C'est la pédagogie construite par des camarades en lien
direct avec les enfants, dans les classes, les pionniers des
premières heures d'abord, qui comprirent qu'en travaillant
avec Freinet, ils n'entraient pas dans une secte, ne devaient pas
être adorateurs d'un gourou prêchant la bonne parole,
suiveurs dociles d'un maître, mais qu'ils devaient
eux-mêmes apporter leur regard, leurs recherches, leurs
découvertes, leurs questions afin que puisse se construire
une véritable éducation, prenant en compte non
seulement les apprentissages mais le développement
personnel de chaque enfant.
- Paul fut l'un de ces pionniers et nous avons tous conscience
de ce qu'il nous a apporté.
- -
- Avant le congrès de Niort, au printemps 63, je ne
connaissais Paul Le Bohec que par ses écrits dans
l'Educateur.
- C'était l'année où Freinet
présentait sa dernière création « les
Boîtes Enseignantes », l'année où l'on
commençait à parler de « programmation »
- Le mouvement Freinet, à cette époque,
s'interrogeait aussi sur les plans de travail, l'organisation de
la classe.
- Lors de la réunion du groupe Val de Loire, deux «
personnalités » du mouvement, les deux Paul, Delbasty
et Le Bohec s'affrontaient à propos des « plannings
».
- Paul Delbasty mettant en relief les dangers des plannings,
Paul Le Bohec montrant l'intérêt de "plannings de
lancement" outils de déblocage et de rupture.
- Ces deux camarades étant l'un et l'autre de grandes
figures du mouvement Freinet, ce débat fut très
important pour moi car il m'a conforté dans l'idée
que la Pédagogie Freinet n'est pas une science exacte mais
qu'elle permet la recherche, le tâtonnement, le
débat, l'évolution.
- Seuls les principes fondateurs restent constants, les «
invariants », la place de l'enfant dans sa construction
personnelle, dans le groupe, l'importance de la création,
du « tâtonnement expérimental », le
rôle du maître qui ne s'efface pas mais accompagne,
impulse.
- Paul présenta ses positions sur ces sujets avec des
slogans tels que « tous les départs avant 7 ans
», « le texte libre libre », « la non non
directivité », « pour enseigner l'anglais
à Pierre il est plus important de connaître Pierre
que de connaître l'anglais » (formule provocatrice bien
sûr) ...
- Mes premiers souvenirs des échanges avec Paul vont vers
les techniques parlées, l'expression corporelle (avec des
ateliers dans les congrès). Mélanges d'expression
libre et de techniques de déblocage.
- Je me souviens d'une rencontre chez lui, à
Trégastel, à l'occasion de vacances en Bretagne. Il
était enfermé dans sa caravane occupé
à faire des montages à partir des enregistrements de
chants libres des enfants de sa classe.
- Dans la place que j'ai moi-même accordée à
la création libre dans toutes les activités, pas
seulement le dessin et la peinture ou l'expression écrite
mais dans des domaines moins explorés comme le chant, le
théâtre, la gymnastique et bien sûr les
sciences, les mathématiques, je sais que Paul a joué
son rôle d'éclaireur ou de compagnon. Pas seul bien
sûr mais toujours dans le peloton de tête, celui des
échappés.
- -
- J'ai eu la chance pendant plus de quarante ans de partager
avec Paul de nombreuses expériences, en France dans les
congrès, les journées d'études à
Vence, des stages régionaux mais aussi à
l'étranger dans les Ridefs, les rencontres ou stages comme
au Québec, à Berlin-Est, en Russie.
- Dans les stages à l'étranger le lien
était encore plus serré car nous avions en commun le
désir de transmettre des concepts éducatifs forts
parfois bien loin des modes de fonctionnement habituels des
stagiaires et lorsque la charge repose sur un tout petit groupe de
3 ou 4 copains, chacun cherche à mettre en avant la
compétence de l'autre.
- C'est certainement dans ces rencontres que l'amitié et
la reconnaissance se renforcent.
- C'est à travers tous ces échanges vrais de
courriers, de débats, de pratiques, d'outils,
d'expériences que se construisent les liens les plus forts
qui font parfois ressentir le mouvement Freinet comme une «
famille ». Pas comme une chapelle ou une secte !
- -
- Paul m'écrivait, à l'époque d'avant
l'informatique où mon courrier était manuscrit, de
mon écriture très personnelle que quelques uns
connaissent, « ce qui est bien avec tes lettres c'est qu'on
ne peut pas te lire en pensant à autre chose, continue !
»
- J'en connais qui auraient simplement mis la lettre au panier
ou demandé de faire des efforts.
- Pour Paul, ce qui se cache sous les apparences
premières est toujours le plus important.
- -
- Je pense que ce désir de découvrir l'enfant, la
personne, sous la partie visible de l'expression a
été toujours le moteur de son action
pédagogique.
- Toutes les créations n'ayant de valeur que par ce
qu'elles témoignent, permettent de soulager, ou
construisent.
- Le résultat final, visible, lisible, audible, a moins
d'importance que les processus qui l'ont fait naître, que
les réactions-constructions engendrées dans la phase
de réalisation.
- -
- Pour moi c'est ce regard très personnel de Paul dans
l'expression libre et les démarches naturelles qui est le
plus marquant de son influence dans la pédagogie Freinet.
- -
- Paul restera dans nos mémoires et nos coeurs mais je
tiens à associer Jeannette qui elle aussi enrichit l'oeuvre
commune et sans laquelle Paul n'aurait peut-être jamais
été l'ami, le compagnon, l'éclaireur que nous
honorons aujourd'hui et garderons parmi nos pères, nos
pairs, nos repères.
- -
- Bernard Monthubert, Châtellerault le 21 Janvier 2009
-
21 janvier 2009
- Je ne l´ai vu qu´une fois, lors du Congrès de
l´ICEM a Sophia-Antipolis em 2005, mais j´étais
déjà sa lectrice admirative. Ce fut pour moi um
moment d´intimidation tout de suite rompu par sa gentillesse.
Il savait nous donner courage, rendre simple et accessibles nos
projets. Sa présence continuera certainement avec force.
- J´ai beaucoup aimé le texte de Nicholas Go
"Méthode naturelle de deuil". Un deuil est en vue dans ma
vie (mais peut-être serais-je la première à
partir!). J´envie ceux qui ont été près
de ce sage au moment du départ.
- Anne-Marie Milon Oliveira
- Rio de Janeiro
-
20 janvier 2009
- Je n'ai pas connu Elise et Célestin Freinet, mais
j'aurai connu Paul Le Bohec dès mon engagement dans leur
pédagogie alors que je débutais dans le
métier : quelle chance j'ai eue de tenter de
suivre modestement leurs pas comme ceux de Jeanne et Henri Vrillon
que je côtoyais dans mon département d'exercice. En
pensant à Paul, des images de congrès
défilent dans ma tête, particulièrement la
Ridef de Turin où les ateliers que nous animions se
côtoyaient. Je le revois faisant son footing du matin. A
l'image de sa volonté, de son énergie vitale, de sa
vélocité et de sa souplesse intellectuelles.
Pour moi, Paul tu resteras un grand bonhomme. Du coup je regrette
d'avoir laisser en France ton livre et d'être
obligé d'attendre impatiemment les prochaines grandes
vacances pour le relire.
- Patrick Laurenceau, du Lycée français
d'Alexandrie
-
19 janvier 2009
- Je viens avec retard d'apprendre le départ de Tonton
Bohec.
- J'ai eu cette énorme chance, comme Patrice mon
frère, Rémy Bernable, Jacques le Guern, Michel
Rispail, Eric Le Bouffant, Yannet Gaël Bouffant, Fanfan Le
Gall, le petit Pierre Coadout et tous ceux que j'oublie,
d'être l'élève de celui que nous surnommions
avec affection "Tonton Bohec". Nous formions tous une
classe de CP et CE1 dont il l'était l'instituteur,
l'animateur. J'ai le souvenir de cette complicité, de cette
joie à composer ensemble, lui au pipeau mettait en musique
nos mots, son magnétophone à portée de main
il enregistrait ce bonheur d'apprendre ensemble à
écrire, lire, compter, chanter, sans différence avec
générosité.
- Nous n'étions jamais pressés d'aller en
récré, tant étaient riches toutes ces
activités. Ces deux années passées avec lui,
sont dans mon enfance mon meilleur souvenir d'écolier et
Tonoton Bohec est de ceux que je n'oublierai jamais.
- Trégastel, l'université de Golgon, la rue des
écoles, que de souvenirs heureux!
- Transmettez à Rosine, ma tristesse de le savoir parti,
dites lui qu'elle a bien raison d'être fière de lui
car il nous a transmis bien plus que des savoirs.
- Avec sa gentillesse, sa générosité, sa
disponibilité, il nous a montré comment aborder
le chemin de la vie.
- Philippe Le Meur né le 22/05/1957 à
Trégastel
-
19 janvier 2009
- Bonjour Hervé.
- Jimke Nicolai, le coordinateur du mouvement Freinet
néerlandais, m'a demandé de traduire le texte
ci-dessous et ensuite de t'envoyer.
- Amicalement,
- Rouke
- -
- Adieu Paul Le Bohec,
- Lundi dernier, Freek Velthausz, un collègue et membre
de mouvement Plan d'Iéna, est venu chez moi afin de parler
de Cela compte, un livre à l'état naissant au sujet
de calcul vivant. Il m'a aussi rapporté le livre
emprunté Le texte libre mathématique de Paul Le
Bohec. Les exemples de Le Bohec nous inspirent pendant
l'écrire de notre livre. Ce qui était curieux É. au
même moment, nous avons reçu par
téléphone et le mail, les messages de
décès de ce ouvrier Freinet de la première
heure. Ses idées resteront en vie. Dans notre livre, nous
ferons usage avec reconnaissance de ses exemples.
- Au nom de mouvement Freinet néerlandais,
- Jimke Nicolai (coordinateur)
-
18 janvier 2009
- J'imagine bien comment ça peut être dur et je
pense que ton émotion sera partagée par beaucoup.
- Je ne pourrai être avec vous mais tu
peux transmettre à tous les présents que
si j'ai filmé ces jours là, c'est que cette
rencontre avec Paul (comme avec d'autres "anciens" qui nous font
l'honneur de continuer à nous accompagner) m'a
impressionnée et je trouvais important de garder une
trace de cette énergie (elle transparaît dans ses
écrits, mais en paroles c'est si fort...).
J'espérais avoir des occasions moins tristes
de partager ces images.
- Coopéractivement
- Martine Roussel
-
18 janvier 2009
- Bonjour Hervé, bonjour Pierrick,
- Je ne pourrai être parmi vous mercredi.
- J'ai essayé d'écrire quelque chose. Pas
facile...
- -
- Chacun de nous a au fond de son coeur "son" Paul.
- Il est magique cet homme là, il multiplie les Paul
- pour que personne ne reste sur sa faim :o)!
- On se retrouvait souvent sur les chemins de l'enfance:
- la sienne, la mienne et celle qui nous importait le plus:
- la leur à tous ces gamins qu'on sentait
- en mal d'une main qui leur donne confiance en la vie.
- Alors c'est son petit garçon que je suis allée
chercher
- en renfort pour saluer Paul Le Beau Mec.
- Je vous envoie donc mon texte libre libre,
- lisez-le si vous le souhaitez ou, comme je l'avais
écrit à Pierrick
- dans un précédent message, laissez-le
traîner dans la gerbe.
- A bientôt, je vous embrasse.
- Pascale Borsi
-
18 janvier 2009
- Ce que je retiens de Paul c'est sa joie et cette phrase qu'il
m'avait dite à Grenoble, au cours d'une séance de
créations mathématiques : "Tu t'es trompé ?
Tant mieux !" Derrière cette phrase, c'est plus qu'une
pédagogie, c'est une philosophie de la vie. Mais au sein de
la classe, je ressors cette phrase régulièrement
pour dédramatiser l'erreur, pour montrer que l'erreur d'un
permettra à tous d'avancer.
- Michel Duckit (38)
-
17 janvier 2009
- Il est venu à l'école des bruyères dans
les années quatre-vingt.
- Il a tout de suite aimé notre école, tout ce que
nous étions avec les enfants.
- Il nous aimait, nous l'aimions!
- Nos pensées vont vers lui, vers Rosine, vous tous...
- Une "ancienne" des Bruyères,
- Lucie Pardon
-
17 janvier 2009
- Merci Hervé pour ce magistral cadeau!
- le 8 janvier j'avais écrit à Paul :"
l'imprégnation" vécue à travers (et pour)
l'apprentissage de la langue de mon fils sourd....quel bel
écho que cette vidéo!
- (si elle existe en version longue...ou lorsqu'elle sera
gravée sur un CD: fais-moi signe!
- Martine Lagarde
-
16 janvier 2009
- La nostalgie camarade c'est surement une des choses qui nos
distingue des autres animaux, mais de plus en plus de nos
semblables et frères qui vivent sans avoir une idée,
mais plein d'ambitions. Je suis parti du Portugal en 70, en 68
j'avais aussi fait du stop pour aller dans ton pays voir mai en
aoutÉ j'ai vu l'uni de Toulouse et j'ai failli y rester. Je suis
rentré, je me suis fait convoquer à l'armée
dans un bataillon disciplinaire composé que
d'étudiants universitaires. Heureusement en Septembre
Salazar a eu son sacré AVC et Caetano, qui était
à l'époque mon prof á la fac de droit de
Lisbonne, a fait un geste en prenant son poste d'arrêter
cette punition exemplaire. J'ai été malgré
tout viré de l'uni de Lisbonne. Repris mes
études á Coimbra ou par grande chance une
grève générale aux examens a fini pour tout
casser, l'année d'après entre nous, nos familles et
vies. Je suis parti pour aller en Hollande, mais en cours de
route, puisque j'allais en stop, je suis parti pour Lausanne.
Presque 10 ans d'exil en Suisse. Recommencer des études,
prendre l'option pour les handicapés, prise de contact
dès le départ avec le magazine « Chantiers
de l'e.s. » et puis tout a basculé. En 74 je n'ai
pas eu le droit de rentre dans mon pays, seulement á la fin
de l'année j'ai eu une amnistie pour 45 jours de visite. Je
suis retourné vivre en Suisse finir mes études
à Fribourg, et une fois de plus une grève á
l'uni m'a mis á la porte quand j'avais tout pour
réussir dans la vie, j'étais assistant auxiliaire
á fac des lettresÉ Retourné dans mon pays á
la fin 77 tout n'était que décombres et cendres.
Pour moi 74 c'est une collection de films et d'images que je
regarde comme une chose étrange. Les armées, les
armements, tout ce fourbi n'a pas été fait pour
être à cote du peuple. Je n'ai rien vu. D'ailleurs si
la démocratie était une bonne chose pour les
pauvres, et les exploités, elle serait interdite demain. Le
folklore européen me fait des nausées, je ne sais
pas comment on a réussi á mettre Barroso, Sarko ou
ce putain d'italien facho comme responsables du sort de millions É
quel malheur !!!
- La planète elle va ans le bon sens, l'humanité
elle n'a pas de quoi être fièreÉ regarde Gaza,
combien de fois on a vu cette hypocrisieÉ comblée d'un prix
Nobel de la paix aux deux camps. É quel horreur !!!
- Il faut nous protéger et se mettre ensemble. Les temps
seront méchants pour les gens avec une idéologie qui
nous fasse vivre et sentir tout, si différemment.
- Amitiés
- Luis Goucha, Portugal
-
16 janvier 2009
- Bonjour
- Il se trouve que je fais du tri suite à
déménagement et j'ai retrouvé qqs documents
de Paul. En particulier son importante participation,au
cours des rencontres "centenaire de freinet" à Rennes en
96. Je ne sais pas si les "actes" que nous avions sortis
après ont été archivées par
l'ICEM. J'ai une disquette avec tous les fichiers de ce document.
Dans l'immédiat je pensais surtout à les proposer
pour l'archivage sur le site de Paul de ses interventions et
aussi voir, Pierrick, si tu veux les extraits concernant
Paul pour mercredi. Ci-dessous le début de son
intervention à la pleinière d'ouverture. Il y a
aussi l'atelier avec J. Mérillon sur "parcours d'enfants et
de parents" et son intervention à la pleinière de
cloture.
- J'en profite pour vous demander, maintenant que j'ai
resorti cette disquette, et dans l'hypothèse où
ce document n'aurait pas encore été
archivé qui s'occupe de cela à
l'ICEM.....bien qu'avec l'arrêt programmé de
toil'ICEM C'est peut-être un peu tard........
-
- A noter que j'ai gardé le texte manuscrit de Paul pour
le CR de son intervention.
-
- Autre document que j'ai retrouvé, plus anecdotique,
mais qui peut avoir du sens pour une rencontre qui a lieu
à "carrefour 18" : le courrier qu'il avait envoyé
à une de mes classes racontant sa jeunesse dans le
quartier. Nous l'avions interrogé suite à la sortie
de son livre que j'avais montré aux enfants et nous avions
fait une visite d'après ses indications pour voir
l'évolution des rues correspondantes.....
-
- Plus ancien ........un compte rendu très
détaillé de visites de jeunes normaliens
étalées sur toute l'année scolaire
(75/76 je pense) dans la classe de Jeannette.
- J'ai aussi qqs cartons de créations math et docs
du secteur math à différentes époques...(dont
le CR du stage de Mur en 92 qui avait retissé les liens et
redémarré un secteur math plus unifié).... je
ne me résigne pas à balancer ça.........donc
si vous en voyez l'utilité quelconque...j'ai un peu plus de
temps maintenant pour aller fouiller dans les
cartons sauvegardés d'un tri impitoyable!
-
- A tout hazard je peux sans doute aussi retrouver qq pages de
Paul parues dans l'echo-producteur entre 88 et
98 probablement....il avait fait une série
d'interventions pour nous pousser à écrire.......
-
- Je ne viendrai pas mercredi....C'est trop court pour
m'organiser mais je penserai bien à vous.
- Bien amicalement
- Pascale Bourgeois
- ................................................................;
-
- Etre d'abord citoyen de soi-même
- Paul LE BOHEC
- compagnon de Célestin Freinet
-
- Paul Le Bohec rappelle quelques étapes marquantes de sa
vie depuis le temps où il gardait les vaches à
l'endroit même où nous nous trouvons, jusqu'à
son travail auprès des étudiants de L'I.U.T.
carrières sociales sans oublier la rencontre avec Freinet
en 1948 et sa petite école de Trégastel. Puis, micro
en main pour être plus libre de parler aussi avec son corps,
regrettant de ne pouvoir supprimer l'estrade, il rentre dans le
vif du sujet :
-
- Paul Le Bohec. - Il s'agit de parler de la citoyenneté
et dans le programme c'est : "Citoyen dans l'école, citoyen
dans le quartier, citoyen dans la ville", mais avant d'être
citoyen à l'école, l'enfant devrait d'abord
être citoyen de la classe, et avant d'être citoyen de
la classe : citoyen de lui-même.
-
16 janvier 2009
- Fais chier ! Merde ! Et merde ! Et merde !
- J'ai eu beau construire une forteresse, des murailles, des
remparts tout autour de moi, clamer haut et fort que ça ne
me faisait rien ou presque, que j'étais trop loin
maintenant... et voilà que petit à petit ça
me grignote, ca m'envahit, ça me bouleverse et me submerge
en pleine nuit. Pourtant on s'est vu si peu...
- Alors hier, j'ai effacé son adresse mail.
- Je n'ai pas encore réussi à effacer les mails du
copain de mon fils d'Ewen (emporté à 10 ans par
une leucémie) ni ceux de ses parents. Mais il faut que je
le fasse.
- Et hier soir, m'est revenu que j'avais dans mon portable son
adresse et son téléphone. Alors j'ai lu :" LE BOHEC
(Paul) rue des Camélias..." et ça m'a
annéanti.
- J'ai pris ma décision, je vais écrire cet
article en breton qui me trotte dans la tête depuis mardi.
Je vais le faire. Ca lui aurait plu. Je n'ai rien à dire de
plus que vous. Moins peut-être même. Simplement
répéter mon émotion, le lien, le rapport,
l'envie, le désir, la vie.
- A galon.
- Emmanuel Kerdrel
-
Mercredi 14 janvier 2009
- Paul Le Bohec
- De 1947 à 1970, Paul Le Bohec a vu défiler des
générations de petits Trégastellois aux
écoles de Trégastel. En 1953, j'ai eu la très
grande chance d'en faire partie et d'être accueilli dans sa
classe avec ceux de mon âge au cours préparatoire. Je
ne dirais pas que je me suis assis sur les bancs de son
école, car cette image poussiéreuse ne collerait pas
avec la pédagogie de Paul. Ses méthodes
étaient, comme je l'entendais dire pas plus tard qu'hier
par une Trégastelloise dont les enfants avaient
fréquenté sa classe, «modernes et
colorées». À la vérité nous
étions plus souvent debout qu'assis, à travailler
dans nos ateliers d'imprimerie, de dessin, de céramique, de
poterie, solfège, musique ou de créativité en
tous genres. La classe de Paul était plutôt comme une
ruche dans laquelle nous, les enfants, échangions de
façon enthousiaste et ouverte avec notre maître, mais
aussi entre nous. Paul avait ce souci permanent de solliciter tous
les aspects de l'expression-création et de rechercher ce
qu'il y avait de meilleur en chaque enfant. Avec lui, pas de
bonnet d'âne: nous étions tous bons en quelque chose.
Il était aussi celui qui nous faisait sortir de la classe,
pour des séances de sport et des études de terrain
sur les grèves ou dans la nature. Nous avions tous beaucoup
d'admiration et d'affection pour ce grand bonhomme, footballeur de
surcroît, d'une gentillesse à toute épreuve.
-
- Paul ne nous préparait pas simplement à un
avenir professionnel car sa mission et sa pédagogie
étaient beaucoup plus vastes: il nous préparait
à notre vie d'hommes et de femmes (puisque par la suite les
classes sont devenues mixtes) et au-delà de l'apprentissage
de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique
qui se faisaient de façon tout à fait naturelle,
nous avions aussi intégré pour la vie l'importance
de la musique, de la création littéraire ou
artistique. Nous savions que chaque enfant, chaque futur adulte,
avait son domaine de prédilection et que chacun pouvait
trouver sa place dans un monde en pleine évolution. C'est
d'ailleurs ce que me disait tout récemment un ancien
élève de Paul lui aussi, un peu plus
âgé que moi, qui se reconnaîtra peut-être
dans ces propos: nous, petits Trégastellois de
l'époque, nous nous en sommes bien sortis, et si chacun a
su se réaliser dans sa voie, il le doit en grande partie
à Paul Le Bohec qui nous avait armés de confiance
pour la vie. Sur un plan plus personnel, j'ajouterais que
rétrospectivement, ce qui m'avait impressionné chez
Paul dans les trop rares occasions où nous nous sommes
rencontrés par la suite, c'est cette façon qu'il
avait d'associer les notions de travail et plaisir; si j'en ai
fait à mon tour comme une règle de base dans ma vie
professionnelle puis dans mes responsabilités d'élu,
c'est en grande partie à lui que je le dois.
-
- Je rappellerai pour conclure l'un des tout derniers passages
de Paul Le Bohec à Trégastel: lorsqu'il y a
bientôt un an de cela, je l'avais invité à
revenir à l'école de Trégastel pour la
signature de son livre au titre révélateur:
«L'école, réparatrice de destins?», il
avait accepté avec enthousiasme. Ce jour-là, ses
anciens élèves sont venus en grand nombre, certains
de très loin pour des retrouvailles chaleureuses. J'ai pu
remarquer que Paul nous reconnaissait tous, qu'il se rappelait sur
chacun d'entre nous un détail caractéristique et
qu'il avait conservé son extrême gentillesse. Sans
nostalgie, mais avec un plaisir partagé, nous avons donc
échangé sur ces années d'école
où nous faisions ensemble l'apprentissage de la vie. Je ne
sais plus si j'avais pensé à le remercier ce
jour-là: quoi qu'il en soit, je le fais ou le refais
aujourd'hui du fond du cÏur, en mon nom personnel et aussi au nom
de tous ces petits Trégastellois devenus grands: merci
Paul!
- Loïc Le Guillouzer
-
14 janvier 2009
- Méthode naturelle de
deuil
- Pour Rosine, Perig, Hervé, Tanguy
et Francine.
- Ta dernière leçon de
Méthode naturelle a été la suivante :
C'est en mourant qu'on apprend
à mourir. Tu as l'habitude
de dire que la première caractéristique, c'est
« pratique personnelle indispensable ». Alors
là, mon Paul, permets-nous d'attendre un peu. On se
contentera, pour le coup, d'une leçon magistrale. Comme dit
Woody Allen : « Ce n'est pas que j'aie peur de la
mort, mais je préfèrerais être ailleurs quand
cela se produira ».
- Magistrale, ta leçon, elle l'a
été. On dirait que tu ne t'es vraiment
intéressé à la mort que pour la tienne. Et
encore, tu as attendu le bon moment, le dernier, celui qu'on
appelle le « moment venu ». Car on ne parle
pas de ce qu'on ne connaît pas. Même dans ta
façon de mourir, tu nous as appris quelque chose : le
rire est thérapeutique jusqu'au bout. Tu as
été, pour ceux d'entre nous qui ont
accompagné tes derniers jours, le plus agréable des
moribonds. Ceux qui, chancelants, s'efforçaient de te
soutenir, tu les consolais en riant. Ceux qui, pour une
dernière visite, sont venus pleins d'appréhension
à ton chevet, ceux-là sont repartis l'esprit joyeux
et curieusement remplis d'énergie. Car tu as
travaillé et enseigné jusqu'à ton dernier
souffle. La formule est de toi : quand c'est raté,
c'est réussi.
- En matière de pédagogie,
le disciple a dépassé son maître : tu as
porté la méthode naturelle de Freinet à
incandescence, tu es allé si loin qu'il nous faudra
collectivement encore longtemps pour comprendre. Tu as
oeuvré à l'accomplissement d'une
« pédagogie de l'être humain »,
tu as donné une forme vivante inédite à la
complexité, qui trace le chemin pour les décennies
à venir. C'est une oeuvre coopérative que nous
poursuivrons.