- Pourquoi Darcos est-il si
pressé
- de mettre en place de nouveaux
programmes ?
- par Paul Le Bohec
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- lundi 21 avril 2008
- Pourquoi Darcos est-il si pressé de mettre en place
de nouveaux programmes, alors que ceux de 2002 tenaient bien la
route ?
- Parce qu'il est impatient de mettre en place une école
libérale, sur une base d'argent et de concurrence. Seuls
pourraient bénéficier d'une formation valable les
enfants de parents aisés. Mais, pour cela, il faut d'abord
détruire l'école publique si scandaleusement
gratuite. Sous prétexte de permettre aux enfants
d'apprendre davantage, on diminue leurs heures de présence
à l'école ; on en revient au calcul mental,
alors qu'il faut surtout se soucier de former des
mathématiciens ; on insiste sur la grammaire alors
qu'elle est dangereuse lorsqu'elle est prématurée.
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- La tactique n'est pas nouvelle : il n'y a pas si
longtemps, on a laissé des dizaines de millions de gens
à la porte de la culture en imposant la maîtrise de
l'orthographe à l'âge de douze ans. Même ceux
qui étaient reçus au certif déposaient
définitivement le porte-plume dès le lendemain de
l'examen. On avait consacré presque tout le temps
d'école à leur apprendre à écrire
correctement mais on ne s'était pas soucié de leur
apprendre à penser. Seul comptait la forme. Pour le fond,
il y avait des gens qualifiés. Et on sélectionnait
certains enfants de la classe populaire sur une base d'excellence
en orthographe pour qu'ils deviennent instituteurs et agents de la
perpétration du crime culturel. Avec l'école
libérale, ce serait plus simple : c'est l'argent qui
serait le moyen de la discrimination.
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- Attention, il ne s'agit pas de négliger l'orthographe,
c'est même tout le contraire car, pour des raisons
historiques, elle est une base constitutive du français
écrit. Mais son apprentissage sera facilité si on se
souvient du fait, unanimement reconnu, que la mémoire est
grandement liée à l'affectivité. On travaille
d'abord sur les textes de l'enfant et sur ceux de ses camarades.
Et les notions sont mieux assimilées parce qu'elles
s'inscrivent dans un vécu. De plus, la nécessaire
répétition est assurée du fait que les
enfants ont, en gros, les mêmes préoccupations ;
le même style de vie. Et les mêmes thèmes
reviennent régulièrement. Autrefois, l'école
était le seul lieu où l'on pouvait trouver de
l'information. Maintenant, on en déborde. On doit aider les
enfants à apprendre à traiter l'information et, pour
commencer, celle qu'ils produisent. D'autre part, et
peut-être surtout, la pratique de
l'expression-création permet à certains cerveaux de
se désencombrer et de devenir accessibles à
l'acquisition de connaissances.
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- En bref, une pédagogie de l'être humain est
possible. Mais on se garde bien de donner la parole à ceux
qui la pratiquent : ils pourraient être contagieux.
- Nous avons changé d'époque : au temps du
certif, on acceptait tout parce que cela n'empêchait pas de
gagner sa vie et de survivre. Maintenant, avec l'institution de
l'école libérale, il faudrait s'attendre à
beaucoup plus de violences sociales car la masse des gens
n'accepteraient pas de ne pas être reconnus, de ne compter
pour rien et d'être niés dans leur existence.
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- Alors, vigilance, vigilance, il y a danger.
- Paul Le Bohec. 35520 La Mézière.