- Cinq années de pension loin du
village
- Célestin Freinet, un
éducateur pour notre temps
- Michel Barré
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- En 1909, Célestin Freinet est reçu au certificat
d'études (il a 12 ans 8 mois). A la rentrée
d'octobre, il part en pension à Grasse
préparer le brevet élémentaire. Nous
savons, par sa fille Madeleine, qu'il était
hébergé chez sa marraine, mariée à un
maçon de la ville. Selon Naissance d'une Pédagogie
Populaire (NPP), il entre au cours complémentaire.
Pourtant, d'après les archives administratives, on ne
trouve trace dans cette ville à l'époque ni d'un
cours complémentaire (annexé à une
école primaire), ni d'une école primaire
supérieure autonome. Seule possibilité restante, la
section spéciale (primaire supérieure) d'un
collège. Le plus connu, fondé dès le XVIe
siècle par les Oratoriens, est devenu collège
communal en 1792. Il s'agrandit justement en 1909 de locaux neufs,
venant d'être inaugurés par le président
Fallières et le chef du gouvernement Clemenceau.
L'établissement est devenu l'actuel lycée Amiral de
Grasse où l'on n'a pu confirmer ni infirmer la
présence du jeune Freinet entre 1909 et 1912. Madeleine
Freinet confirme qu'il s'est préparé dans cet
établissement au concours d'entrée à
l'école normale, après avoir passé deux ans
au collège Carnot (mais s'appelait-il ainsi à
l'époque ?) pour préparer le brevet
élémentaire. Peut-être des palmarès de
l'époque pourraient-ils apporter les preuves
précises qui manquent encore.
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- Sur ces trois années passées à Grasse,
Freinet n'a rien écrit. En cherchant le moindre indice, on
découvre une phrase dans Les Dits de Mathieu. Il publie en
1948 le poème plein de douleur d'une adolescente de 14 ans,
mise en pension, et indique: "Je l'aurais peut-être
écrit, il y a quarante ans. Mais personne alors n'aurait
enregistré ma plainte; on aurait ri de mon audace et
raillé mon désespoir." (DdM. p. 66 ou T.2, p.
140).
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- Ce désespoir n'a pourtant pas
empêché son succès au brevet, puis sa
réussite au concours d'entrée à
l'école normale d'instituteurs de Nice où il
est inscrit, sous le n° 649, en octobre 1912 (il a
tout juste 16 ans). Il passe deux années dans cet
établissement, alors situé route de Gênes, au
pied du Mont-Boron. De cela il n'a laissé aucune trace,
sinon une phrase écrite incidemment sur la
nécessité de transformer l'enseignement de la
musique: "Que d'heures perdues à l'Ecole Normale à
gratter lamentablement du violon." (Educateur Prolétarien,
n° 7, janv. 39).
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- Si rares et limités que soient les témoignages
oraux et les notations écrites de Freinet concernant sa vie
scolaire, tout va dans le même sens : lui qui avait le
besoin et la capacité de se passionner, s'est ennuyé
dans les écoles qu'il a fréquentées, alors
même qu'il y réussissait relativement bien. Toute son
action ultérieure se mobilisera contre l'une des tares
majeures du système scolaire: l'ennui.
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