- Regard panoramique sur deux années
de textes des enfants de Bar
- Célestin Freinet, un
éducateur pour notre temps
- Michel Barré
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- C'est seulement à partir d'octobre 26, que l'on
retrouve, grâce à l'échange avec d'autres
classes, des livres de vie presque complets de la classe de
Freinet. On y suit les jeux spontanés sur la place ou sur
le terrail (la colline voisine), la découverte par un
enfant d'une petite source qu'il canalise avec un roseau,
l'adoption d'oisillons tombés du nid (à moins que
l'enfant n'ose avouer leur dénichage). Ce sont les
enquêtes de la classe chez le tisserand, le cordonnier, le
forgeron, le travail en plein air du matelassier, le passage du
marchand ambulant de vaisselle ou d'outils, d'un petit cirque, du
car de propagande pour les engrais de potasse. Deux petits
rétameurs sont venus un moment se joindre à la
classe et un long texte raconte leur vie nomade, il fera le
contenu du second n° des Extraits de la Gerbe. Les travaux
des champs tiennent une grande place, notamment les
récoltes auxquelles participent les familles
entières (fleur d'oranger, rose, jasmin, lavande, figues et
oranges amères dont les écorces
séchées serviront pour certains apéritifs).
Un enfant est tellement impatient d'assister à la mort du
cochon qu'il l'a décrite la veille de son exécution.
On flâne au bord du Loup et près de ses hôtels,
on assiste à la foire de Grasse, au carnaval local. On
apprend même les faits divers, comme ce vieillard
renversé par de jeunes cyclistes imprudents, la touriste
gravement blessée dans une parfumerie dont le patron,
désespéré, veut se jeter du pont du Loup.
Plus d'un demi-siècle après, on découvre dans
toute son intensité la vie des enfants avec leurs
rêves et leurs peines, mais aussi celle de leurs familles et
de leur milieu. Incontestablement, il n'est pas abusif d'appeler
ces petits recueils des "livres de vie".
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