les Amis de Freinet
le mouvement Freinet au quotidien
des praticiens témoignent
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La santé


Très tôt, un nouveau regard sur la santé.

(...) Venait alors l’heure du repas. Nous étions cordialement traités au restaurant voisin, souvent accompagnés de Menusan, alors responsable de la CEL, toujours cornaqués par notre expert-comptable. Excellent repas, viande, vin, dessert sophistiqué, café, pousse-café: nous étions en forme, après maints contrôles paperassiers, pour rédiger notre rapport. Et Freinet dans l’affaire? Face à nous, il mangeait des crudités, des légumes cuisinés le plus naturellement du monde, pas de viande, point de vin mais des pommes - ah! les pommes de Freinet: aussi célèbres que celles de Cézanne! - et bien entendu café, alcool et cigarettes bannis. Parfois, lorsque nous insistions pour qu’il partage avec nous l’apéritif de l’amitié, il trinquait, trempait les lèvres dans son verre et le reposait intact sans plus y toucher.
Cette fidélité à des principes diététiques stricts me frappait toujours fortement. Elle m’a profondément aidé à choisir, plus tard, bien plus tard, un mode d’alimentation qui, sans être aussi rigoureux que le sien, et grâce aux efforts de Lucienne Jardin, mon épouse, m’a conduit sur la voie d’une santé protégée.
A l’évidence, la rencontre avec Freinet ne pouvait se faire sans entraîner d’autres rencontres avec son proche entourage. En premier Elise. Et tout de suite ce qui frappait le plus, c’était qu’Elise n’interpellait jamais son mari par son prénom. Même dans l’intimité toute relative où nous les rencontrions. Toujours elle l’appelait «Freinet».
La rencontre avec Elise comportait inévitablement la rencontre avec un art de vivre et de se soigner. De là date, pour mon épouse et pour moi, l’adoption d’une diététique débarrassée au maximum de la consommation de viande et d’alcool, de plats grassement cuisinés mais par contre enrichie de la consommation d’aliments produits selon des normes biologiques nettement établies et labellisées. Sans oublier non plus ce grand principe du Dr Carton, bible d’Elise, à savoir que «l’écart de régime favorise le régime»... à condition de n’en point abuser!
De même sur le plan de la santé, c’est grâce à la rencontre avec Elise que nous avons adopté une position ferme contre les vaccinations obligatoires, que nous nous sommes tournés vers les médecines douces, homéopathie et acupuncture en particulier, pour notre plus grande satisfaction et notre plus grand bien.
Comment ne pas être convaincu, en effet, quand on assiste à l’incident suivant? Nous séjournions à l’Ecole Freinet, à Vence, pour quelque stage au cours des vacances scolaires. Avec nous se trouvait un instituteur tunisien, depuis devenu ministre, qui encadrait quelques jeunes filles de son pays destinées, plus tard, à l’enseignement. Et voilà que ce responsable se retrouve dans un état fébrile prononcé, sorte de grippe mauvaise. Elise n’hésite pas: elle lui propose le choc froid. Ce que le malade accepte. Aussitôt, glace à fondre dans une baignoire. Tout est prêt, l’eau, les serviettes... et bien sûr, le malade. Celui-ci s’immerge alors dans l’eau glacée. En ressort rapidement. Frictions violentes. Repos au lit. Le lendemain, notre homme était sur pied, guéri, en bonne forme... J’avoue n’avoir jamais été un adepte du choc froid. Mais cette expérience in vivo nous a fait accepter plus facilement lespoints essentiels de la diététique et de la thérapeutique prônée par Elise.
Raymond Jardin

En 1948, avant la naissance de notre troisième enfant, nos deux aînés, Roland et Claude, ont été accueillis six mois à l’école du Pioulier située aux environs de Vence. Tous les enfants de l’école appelaient Célestin, Papa Freinet et Elise, Maman Freinet.
Dans cette école, ils ont vécu intensément cette pédagogie faite d’expression libre, de tâtonnement expérimental, de travail en équipe... Les bâtiments étaient dispersés dans une propriété un peu sauvage qui surplombait la rivière. Les repas, essentiellement végétariens, étaient souvent pris sur la terrasse ou à la salle à manger, familiale et très accueillante. Les dortoirs étaient décorés eux aussi par des fresques réalisées par les enfants et Elise.
En dehors des heures de classe, les enfants vivaient intensément et librement dans la propriété, légèrement vêtus, pieds nus, construisaient des cabanes, jardinaient, faisaient du théâtre, de la musique, pataugeaient dans les bassins. Chaque matin, les enfants prenaient un choc-froid: ils venaient tout nus se tremper dans le bassin et retournaient au lit, bien au chaud avant le petit déjeuner. Cela faisait partie des soins naturistes avec l’emploi de l’argile, du chlorure de magnésium.
Nos deux garçons sont revenus heureux, enrichis et
transformés, ils découvraient leur petit frère Fernand.
Madeleine Belperron

Freinet a changé ma vie. Je suis née avec une luxation à chaque hanche. Malgré deux interventions chirurgicales bénéfiques, je suis condamnée à boiter toute ma vie. J’avais à peine 40 ans, lorsque mes hanches qui s’étaient jusque là bien comportées, se sont mises progressivement à flancher. Si cela continuait, je courais le risque tôt ou tard de ne plus pouvoir travailler. C’est à un congrès Freinet que l’on me fit comprendre qu’en supprimant la viande, je supprimerais aussi ces déchets qui menaçaient de bloquer mes articulations. Et c’est depuis ce temps-là que je suis végétarienne. L’arthrose est venue quand même, mais bien plus tard, après mes 70 ans. Il est indéniable qu’en copiant le mode d’alimentation de Freinet, j’ai gagné des années d’activités.
Juliette Moulineau

Freinet avec cette mémoire du cœur qu’il avait toujours, avait une certaine fois accueilli ainsi Michel, mon mari:
«Alors, depuis deux ans que je ne t’ai pas vu, comment ça va tes maux d’estomac? Je vais t’apprendre à te soigner à l’argile». La belle argile de Vallouise.
Il joignait la démonstration à la parole, aspirait cette eau argileuse avec aisance et la rejetait. Que n’avons-nous persévéré!
Paulette Quarante

Elise Freinet donnait dans l’Educateur des articles sur la santé. La mienne n’étant pas très solide, je trouvais de bons conseils dans la rubrique tenue par Elise. Ses idées étaient loin d’être conformistes, je les retrouve aujourd’hui dans des revues médicales.
Croyant naïf dans les sciences, la chimie, j’avais une foi particulière dans les vaccinations. Or Elise déclarait, si je me souviens bien encore, que la meilleure des vaccinations est une saine alimentation et un bon régime de vie.
Jean Mahé

(...) Sur les conseils d’Elise, j’ai étudié la question de l’alimentation. Mais si par habitude, nous consommions surtout des végétaux des jardins familiaux, nous y ajoutions des produits de petits élevages, poules et lapins et la toute petite portion de viande de boucherie des cartes d’alimentation, les fermes locales fournissaient un peu de lait et de fromage.
Le retour progressif de denrées différentes dans les années 50 m’avait conduit à organiser un cours de cuisine avec mes F.E.P. et un autre, le soir, avec les jeunes filles de l’Amicale Laïque. C’était difficile de mettre en pratique les idées d’Elise d’autant plus qu’elle les présentait comme un dogme intangible.
Quand j’ai connu Marguerite Bouscarrut, j’ai pu en discuter avec elle, et suivre mon instinct sur la nécessité d’une nourriture la plus variée possible pour les organismes ayant subi les carences de la guerre, la décalcification de notre région granitique et introduire quelques recettes du doux pays méditerranéen.
Yvonne Humm