- Paroles pour Germain
-
- Texte lu par Jean Le Gal au nom du Mouvement Freinet
international, la FIMEM, l’ICEM, le GD44 et les Amis de Freinet.
-
- Germain,
-
- Voilà près de cinquante ans que nous nous sommes
rencontrés en Mai 68 à Nantes, lors des
débats sur l’autogestion à l’école et la
création d’une société nouvelle.
- C’est alors qu’avec Renée, ta compagne, vous avez
décidé de vous engager dans la pratique de la
pédagogie Freinet et que nous avons commencé un long
compagnonnage riche de souvenirs tissés d’amitié, de
discussions pédagogiques, de musique, de soutien aux
premiers agrobiologistes, qui, comme nous, tentaient de changer
leurs pratiques.
-
- Dans ton collège, tu as accordé aux jeunes une
liberté de parole, la participation aux décisions,
la liberté de circulation, tu as créé avec
eux un journal. Autant d’innovations qui ne pouvaient que susciter
des résistances. Mais aussi t’amener à changer
toi-même.
-
- En 2002, pour le Bulletin des Amis de Freinet, tu
écrivais « Ce que la découverte de la,
pédagogie Freinet a changé pour moi »
- « Tout d'abord, j'ai osé dire et faire ; entrer
dans les conflits, les vivre et parfois déjouer de vraies
cabales ; affronter quoi ! Et puis il y a eu le changement total
avec les jeunes ; une forme de respect mutuel. Avec les adultes
aussi, parents en particulier, où finalement la
collaboration a dominé. »
-
- Mais les conséquences sur ta vie ne se sont pas
arrêtées à l’école.
- Des rencontres, des stages, des réflexions
menées,
- « a débouché toute une prise de
conscience sur l'alimentation saine, les médecines
naturelles et la prise en compte de sa santé, de son
être corporel, les relations franches, le naturisme, les
échanges inter-culturels et internationaux. »
-
- Tout en menant ce cheminement personnel, vous vous êtes
engagés pleinement Renée et toi, au sein du
Mouvement Freinet international, de l’ICEM, des Amis de Freinet,
porteurs d’une technique de vie qui dépasse la
pédagogie. Vous y avez assumé de nombreuses
responsabilités.
-
- Mais pour un éducateur Freinet, l’engagement ne
s’arrête pas à la retraite.
- « A la retraite j'ai conscience de continuer une vie
où les relations humaines et le vécu quotidien sont
le prolongement des choix éducatifs et pédagogiques.
Je ne suis plus à l'école mais mon expérience
pédagogique me sert toujours. Je continue à
rencontrer des enfants, des groupes d'adultes ou d'ados (en
particulier avec la musique et la danse traditionnelles). Non pas
parce que je ne sais pas quoi faire, mais parce que c'est
maintenant ma seconde nature. Et je ne conçois pas de ne
plus militer à 1’I.C.E.M. »
-
- Germain, c’est une leçon exemplaire de vie, de
solidarité, d’engagement, que tu nous as offert, sur
laquelle les jeunes peuvent s’appuyer pour eux aussi tracer un
chemin de profonde humanité. C’est pourquoi, au nom de
l’ICEM, de la FIMEM, des Amis de Freinet et de notre groupe
départemental, et des nombreux camarades dont les messages
affluent, je te dis merci pour tout ce que tu nous as
apporté.
-
- Renée, Thierry et Alain, et vos enfants, nous
partageons votre grande tristesse. Soyez assurés que nous
n’oublierons pas le message profondément humain que nous a
légué Germain.
-
- Jean Le Gal, le 2 septembre 2015