- Un bel homme que mon
garçon!
- Il est debout, il regarde: la plage, la
mer.
- La mer est basse, calme; la saison, chaude,
trop chaude; le temps lent.
- Mon fils se trouve sur un étroit et
dangereux chemin de vieilles planches posées sur le sable
noir d'impurtés.
- Il est habillé de vêtements
sales, déchirés, il n'est même pas
passé à la maison pour se changer.
- Je vois son visage, tiré par la
fatigue, un malheureux masque de théâtre.
- Ses yeux sont d'un bleu clair qui vous emporte
loin d'ici, loin de cet enfer de béton.
- Il ne bouge pas. il regarde la mer qui
pourrait l'emmener loin de son père.
- La mer, la plage, il y a d'immenses flaques,
des taches d'encre sales qui ondulent avec le vent.
- Puis, un autre homme, mon mari.
- Il est habillé d'un costume gris que je
lui est offert. A cette distance, son visage est
indistinct.
- Il marche, il va à la rencontre de son
fils, il revient, il va, il revient. Va t-il enfin se
décider à lui parler?
- Je suis à leur gauche. Assise.
- Mon mari, qui marche, ne regarde pas son fils,
il a honte du passé, honte des paroles qu'il lui a
dites.
- Sa marche est mal assurée, lente. Il
pense, à sa vie, à sa paternité, à ses
années de gouffre d'amour qu'il aimerait temps
oublier.
- Nous formons un triangle.
- Je suis assise inconfortablement contre un
vieux mur dont les pierres s'effritent telles de vieilles dames
fatiguées par le temps écoulé.
- Mon fils est dans ce triangle imaginaire,
entre moi et mon mari. Partagé entre la douceur d'une
mère et l'autorité maladroite et injuste d'un
père.
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- Abellia
- Abellia@ecolebizu.org
- www.ecolebizu.org/Abellia
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