Une compagne pour la vie
Célestin Freinet, un éducateur pour notre temps
Michel Barré
 
Le 6 mars 26, Freinet épouse Elise Virginie Lagier-Bruno, institutrice des Hautes-Alpes. Née le 14 août 1898 à Pelvoux (H.A.), d'un couple d'instituteurs ayant eu six enfants (quatre filles et deux garçons), sa compagne a étudié à l'Ecole Normale de Gap, de 1916 à 1919, et a exercé six années dans plusieurs villages des Hautes-Alpes. Si elle a parfois des accrochages avec l'administration pour la façon vindicative avec laquelle elle revendique ou refuse certains postes, elle impressionne son inspecteur par son talent pédagogique, notamment dans l'enseignement du français.
Depuis la rentrée de 1925, elle se trouve en congé sans traitement. Elle a appris la gravure sur bois. En privé, elle rappelait parfois que la contrainte du matériau lui avait imposé une rigueur qu'elle n'aurait pu acquérir seule en pratiquant uniquement la peinture. On retrouve là un souci personnel d'exigence que reconnaîtront ceux qui l'ont côtoyée. Peut-être a-t-elle alors l'intention d'en faire son métier. Quand elle s'installe à Bar-sur-Loup, au printemps 26, elle grave beaucoup, par exemple pour illustrer la brochure : Un mois avec les enfants russes , puis pour décorer la couverture du journal des enfants de Bar-sur-Loup. On lui doit entre autres l'image du forgeron qui fut longtemps l'emblème de la pédagogie Freinet.
En 1927, elle reçoit le prix Gustave Doré, comme le précise le livre qu'elle a illustré alors pour la collection Le Livre Moderne Illustré, éditée par Férenczi. Il s'agit d'un roman de Marion Gilbert, intitulé Le Joug, dont l'action se situe en Normandie dans la trace de Maupassant.
* D'après leur fille, c'est par Clarté et grâce à Barbusse qu'ils auraient fait connaissance.
 
retour suite