26 février 2010 -Les techniques Freinet peuvent-elles
déborder le cadre scolaire?Techniques de
vie, n°1, oct. 1959, pp.
15 à 20
26 février 2010
-L'école
Freinet et les langues localesTechniques de vie, n°2, déc. 1959, pp. 43
à 44
26 février 2010
-Qu'est-ce-que
savoir? Techniques de
vie, n°3, fév. 1960, pp.
28 à 36
26 février 2010
-Discussion avec
un secondaire sur la pédagogie scientifique et sur les
problèmes urgents d'éducation Techniques de vie,
n°12, fév. 1962, pp. 01
à 08
26 février 2010
-L'École Moderne et
l'Éducation physique
Techniques de vie, n°12,
fév. 1962, pp. 30
à 31
-Pour une méthode naturelle
d'Éducation physique
26 février 2010
-Pour une méthode naturelle
d'Éducation physiqueTechniques de vie, n°14, juin 1962, pp. 17-20
26 février 2010 -Quelques réflexions à propos
de la formation scientifiqueTechniques de vie, n°16, oct 1962, pp. 07
à 16
25 février 2010 -Le déclic
L'éducateur 1er juin 1973, n°18-19 pp. 01
à 03
11 février 2010 -Les problèmes de la
créativité
L'éducateur, n°2, 1 octobre 1972 pp. 04
à 05
16 mai 2009 l'hommage de Philippe Meirieu à Paul Le Bohec à
l'occasion de la conférence qu'il a donnée à
Mayenne pour les
40 ans de l'Association
Amis de Freinet.
14 janvier
2009Méthode naturelle de deuilpar
Nicolas Go, au nom de
l'Institut Coopératif de l'École Moderne - ICEM
Pédagogie Freinet et de la Fédération
Internationale des Mouvements de l'École Moderne
14 janvier 2009 Article
publié dans Ouest-France.
Exemplaire du journal
donné par l'Auberge de la Vieille église à
Trégastel.
"Accoucheur d'enfants ! Le
"freinétien" est dans cette situation" nous dit-il" "le
chaos existe en l'enfant. Il faut en faire un monde et
réduire ses pulsions à des formes
élégantes afin de lui permettre de retirer un
maximum de bénéfices de sa trajectoire
particulière de vie". Instituteur durant la seconde
guerre mondiale, Paul Le Bohec découvre les écrits
de Freinet. C'est le début d'une nouvelle vie de militant
ouvert et inventif du courant Freinet.
Instituteur, militant
pédagogique, disciple de Freinet mais esprit libre et en
recherche constante, Paul Le Bohec nous avait
présenté en avril dernier certains points forts de
sa pensée. Avec malice et la force de l'expérience,
il aimait tordre le cou aux idées toutes faites et à
la pensée unique. Nous vous proposons de revoir cet
entretien au cours duquel il aborde entre autres dans le processus
d'apprentissage, le rôle de l'affectivité,
l'importance de la prise en compte de la zone proximale de
développement ou les dangers que peut présenter la
grammaire.
Cliquez
pour retrouver Paul en vidéo,
enregistré à l'occasion d'un conférence au
CRDP de Rennes.
"Bonne vie, les copains!" Paul Le
Bohec
Paul nous a quittés le 12 janvier
2009.
-
12 janvier 2009, un message de Rosine, la fille de Paul.
A tous,
Paul est parti sans souffrir cette nuit, à minuit 20.
Jusqu'au bout, nous lui avons lu tous vos messages.
Vous avez rendu sa fin plus heureuse.
Je vous en remercie.
Je suis fière de lui mais j'admire aussi vos
engagements et votre générosité.
Ne vous oubliez pas, comme lui prenez le temps d'être
heureux.
Il vous dit : "Bonne vie, les copains!"
Je vous embrasse.
Rosine Le Bohec
-
décembre 2008
La gerbe de Paul Le
Bohec.
J'essaie de réaliser
une compilation des textes de Paul pour l'accompagner dans son
grand voyage. Vous trouverez dans le sommaire des textes
ajoutés au jour le jour dans un classement qui
évolue en fonction de l'avancement du travail. C'est ma
manière de remercier Paul pour l'oeuvre qu'il nous laisse.
Sont bienvenus vos commentaires, vos propositions d'ajouts, vos
textes personnels dédiés à Paul, vos
échanges de courriers et de mails etc.
À l'image de son
dernier ouvrage1, postfacé par Philippe Meirieu, Paul Le
Bohec est un détonateur. Cet instituteur breton, principal
collaborateur de Célestin Freinet2 dont il a
expérimenté et adapté la méthode3
au-delà du champ classique, prône, plus que jamais,
les vertus des techniques d'expression-création.
Paul Le Bohec en cinq
dates
1921 : naît à
Plourhan (Côtes-d'Armor)
(note du webmaster: Paul est
né à Pouasne. correction apportée par sa
fille Rosine.)
1940 : sort de l'École
Normale et prend son premier poste d'instituteur à
Gévezé (Ille-et-Vilaine)
1948 : rencontre
Célestin Freinet
1960 : s'émancipe du
« maître » et prend ses distances avec la pratique
Freinet classique
1970 : est nommé
à l'IUT « carrières sociales » de
l'université de Rennes
« Il me reste encore
treize années de bagarre ». Pour Paul Le Bohec,
quatre-vingt-sept étés en juillet 2008, l'heure de
la trêve ne sonnera pas de sitôt. Quand il
évoque la pédagogie, l'enseignement et les enfants,
on mesure l'ardeur de celui que Célestin Freinet appelait
le « phénomène des phénomènes
». Intemporel, mais tellement dans son époque, le
Breton rebelle, qui d'emblée interroge « es-tu
allée voir mon site internet ? », aime illustrer ses
propos par des maximes de son cru, exprimant sans relâche la
nécessité de « creuser dans l'humain ». Et
quand il ne cite pas Michel Onfray, Boris Cyrulnik, Gaston
Bachelard ou Edgar Morin, c'est sur les mots de ses anciens
élèves de CP-CE1 que Paul Le Bohec prend
appui.
La méthode
naturelle...
De son enfance dans les
Côtes-d'Armor, ce fils de cheminot garde le souvenir d'une
scolarité « mortellement ennuyeuse » et d'un
enseignement « répétitif en diable qui ne
s'intéressait qu'à la forme sans jamais faire appel
à la pensée ». Pensionnaire à
l'École Primaire Supérieure de Lamballe pendant
quatre ans _tout comme Pierre, son frère aîné_
Paul est un élève entêté et chahuteur.
Il fait rire les autres pour oublier l'ennui et surmonter le
traumatisme provoqué par l'éloignement d'avec
Robert, le plus jeune de la fratrie, resté dans la ville
natale. L'École Normale qu'il intègre après
la pension ne l'intéresse pas davantage « sauf vers la
fin, où j'ai pu choisir mes matières ». La
solitude intérieure de Paul prend fin le 1er septembre
1940, à Gévezé, au nord de Rennes, tandis
qu'il revêt la blouse de l'instituteur pour la
première fois de sa vie. Il a alors dix-neuf ans. «
Avec un copain de deux ans mon aîné, nous avons pris
en charge les soixante-douze élèves de cette
école sans directeur. Je me suis occupé des enfants
les plus jeunes4, du mieux que j'ai pu et en explorant une
pédagogie nouvelle basée sur le principe du texte
libre dont l'idée m'avait été inspirée
par une revue ». Cinq années plus tard, il
découvrait l'existence du père de cette
méthode naturelle : Célestin Freinet.
... appliquée
à toute chose
En Ille-et-Vilaine d'abord
(Gévezé puis Orgères), dans les
Côtes-du-Nord ensuite (Langourla puis Trégastel),
Paul Le Bohec applique et expérimente la pédagogie
de Célestin (journal, correspondance) tout en
s'intéressant de près aux travaux d'Elise5 plus
axés sur la création et sur « l'art enfantin
». En 1948, la rencontre inévitable entre le
maître et le disciple a lieu. De ce premier échange
naissent une relation épistolaire et une collaboration
entre les deux hommes qui ne cesseront de s'intensifier. Pourtant,
onze ans après le début de cette relation et d'une
adhésion fidèle au Mouvement, l'instituteur
décide de modifier sa pédagogie dans sa classe de
CP-CE1. Sans rompre avec Freinet dont il restera toujours
très proche, il décide néanmoins de supprimer
le journal, d'abandonner la correspondance au profit d'une
communication intra-classe6 et d'appliquer la méthode
naturelle « à toute chose : au français oral,
au chant, à la gym, à la science, à la
géographie, au dessin et surtout, aux mathématiques
». Avant de donner lieu à de nombreux ouvrages
pédagogiques7, les premiers effets de cet affranchissement
se mesurent dans la classe de Paul où les
élèves « les plus encombrés se mettent
à avancer d'une manière étonnante ». Car
c'est bien là tout l'intérêt de son travail :
« ouvrir des champs de liberté aux enfants pour leur
permettre l'accès à la connaissance ».
« L'école,
réparatrice de destins ? »
En 1970, Paul Le Bohec est
coopté par un groupe d'enseignants de l'IUT de Rennes pour
former des animateurs socioculturels. « Une aubaine »
pour ce simple maître d'école alors libre de
développer ses inventions pédagogiques dans
l'enseignement supérieur. La coformation qu'il mène
de front au sein du réseau Freinet lui permet de se lier
avec des enseignants de Russie, du Brésil, d'Italie, du
Canada (É) et de vivre « des vacances de milliardaire
» avec son épouse Jeannette également
institutriceÉ En signant tout récemment «
L'école, réparatrice de destins ?», Paul Le
Bohec se fait l'écho de cette vie hors de sentiers battus,
scandée par soixante années de pédagogie
Freinet. Il y livre des remarques, des récits et des
poèmes cathartiques produits par des élèves
qu'il a su entendre, observer et comprendre. « Aujourd'hui
plus qu'hier, les enfants ont du mal à vivre leur vie
d'enfant. Pour l'avoir expérimenté et
vérifié tout au long de mon parcours d'instituteur,
je ne cesserai de dire que l'enseignement peut permettre à
chacun de se libérer de son mal-être et de se
construire sa propre culture ». Et nous, d'avoir envie de
reprendre les premiers mots de Philippe Meirieu dans sa postface :
« J'aurais vraiment aimé découvrir cet ouvrage
de Paul Le Bohec bien plus tôt ».
Marie-Laure
Maisonneuve
(1) L'école,
réparatrice de destins ? (Sur les pas de la méthode
Freinet), L'Harmattan, 2007
(2) 1896-1966
(3) Voir le site de l'ICEM
(Institut coopératif de l'École Moderne &endash;
Pédagogie Freinet).
(4) les 6-9 ans, soient
les niveaux CP, CE1, CE2
(5) Freinet,
l'épouse de Célestin
(6) Après plusieurs
années d'échanges inter-classes improductifs, Paul
Le Bohec décide de mettre en place une correspondance
écrite entre les élèves de sa classe.
(7) « Ah ! vous
écrivez ensemble » (Documents de l'Éducateur,
1983) ; « Les co-biographies dans la formation »
(Documents de l'Éducateur, 1985) ; « Le texte libre
mathématique » (Odilon, mai 1997) ; « Le texte
libreÉ libre » (Odilon, septembre 1997) ; «
Rémy à la conquête du langage écrit
» (Odilon, 1998) et autres travaux aux Éditions
ICEM-Pédagogie Freinet.
3 mai 2008
« L'école,
réparatrice de destins »: débat à l'IUFM
- Rennes
La FSU 35, le groupe
départemental ICEM-Pédagogie Freinet et la librairie
Planète Io organisent une conférence-débat,
mercredi 7 mai, à 17 h 30 à l'IUFM de Rennes, amphi
Malaguti, autour de l'ouvrage de Paul Le Bohec «
L'École, réparatrice de destins » - Post-face
de Philippe Meirieu (Ed l'Harmattan).
-
« Cette initiative
revêt une actualité toute particulière puisque
l'auteur, en nous retraçant avec une verve roborative, une
trajectoire professionnelle entièrement vouée
à la promotion d'une école publique exigeante et
créative, prend l'exact contre-pied des réformes
gouvernementales qui minent le Service public d'éducation,
souligne le syndicat.
-
« Car le parcours
pédagogique de Paul Le Bohec, à l'aune de sa
rencontre avec Célestin Freinet, l'a convaincu que
l'accès des élèves à une expression
écrite et orale libre dans les différents langages
(mathématique, artistique, corporel etc.), riche de sens au
sein d'un « groupe coopératif », est une
clé pour l'émancipation des individus. À
l'opposé exact de la conception mécaniste des
apprentissages qui anime les nouveaux programmes Darcos pour
l'enseignement primaire, rejetés par l'immense
majorité des professeurs d'école. »
Paul Le Bohec, édition
L'Harmattan, postface de Philippe Meirieu
-
« Pourquoi les poules
sont des poules et non pas des vaches? »
Ainsi va Paul Le Bohec dans sa
vie, posant des questions là où les autres acceptent
les réponses.
La forme illustre le propos:
le foisonnement de l'écriture, un petit côté
chaotique, inachevé, sont à l'image du foisonnement
de la vie et de la pratique de l'auteur. Cet homme-là n'a
jamais été un donneur de leçon, son livre
n'est pas « un précis de pédagogie Freinet
». On serait d'ailleurs bien en peine de le classer dans un
genre.
C'est, tout d'abord, à
la fois une autobiographie et une réflexion sur
l'autobiographie. Le livre suit le fil chronologique de la longue
carrière d'instituteur adjoint, ses débuts à
Gevezé en Île et Vilaine en 1941, sa rencontre quasi
fortuite avec les idées de Freinet, son
épanouissement et son émancipation à
Trégastel pendant vingt ans, son parcours de militant
atypique du mouvement de l'école moderne, son retour
à Rennes dans les années soixante-dix comme
enseignant à l'IUT « carrières sociales ».
Il se termine par une série de chapitres qui rendent compte
des liens, de l'activité et de la correspondance intense
qu'il entretient depuis son départ à la retraite.
Mais ce fil chronologique est constamment lâché quand
l'évocation d'un événement appelle un
souvenir, suscite une association ou une proposition. Le
récit de vie professionnelle qui s'en dégage fait
entrer le lecteur dans la complexité. Les
événements biographiques liés à
l'enfance, au mariage, au contexte historique et politique
(l'occupation, mai 1968), aux mutations d'une école
à l'autre, interviennent dans le récit sans pour
autant procéder de l'illusion biographique. Entre hasard et
nécessité, le « destin » de Paul Le Bohec
échappe aux déterminismes, « personne,
écrit-il, ne peut lui indiquer son chemin parce qu'il n'y a
pas de chemin préalablement dessiné ». Nulle
téléologie donc, et surtout pas celle de la «
volonté » de se « construire un destin » si
présente dans d'autres récits de vie d'enseignants.
C'est sans doute cette relation au temps qui lui permet de vivre
le présent comme une source intarissable de possibles et
d'être toujours tourné, dans la
fidélité à lui-même, vers
l'émancipation sans rupture. Lorsqu'il se tourne vers
l'autobiographie en formation à travers la co-biographie
par correspondance, c'est pour autoriser ceux qu'il accompagne
dans ce travail à se dégager à leur tour des
contraintes pour exprimer leur créativité.
C'est ici l'autre objet de
l'ouvrage: Paul le Bohec nous donne une leçon de
créativité et de liberté pédagogique,
sans prêche, sans prosélytisme. Car si la
liberté ne s'enseigne pas, dans son cas elle est
contagieuse. Sa première audace, et non la moindre,
consiste à s'engager « sur les pas de la
méthode Freinet » qu'il utilise pour libérer sa
pratique des contraintes de l'enseignement classique. Et il
participe au développement des outils de la
pédagogie moderne. L'invention du « planning lancement
» (seul outil d'évaluation qu'il évoque dans
l'ouvrage parce que ce qui le préoccupe c'est
l'apprentissage et non sa mesure) l'engage à une nouvelle
audace. Bientôt il ose s'émanciper des «
incontournables freinétistes » (imprimerie,
correspondance, coopérative) pour libérer du temps
et de la créativité. Il se fait alors l'inlassable
explorateur de la « méthode naturelle » qu'il met
à toutes les sauces: écriture, mathématique,
dessin, musique: « Tout est possible, on ne recule devant
rien! » Paul le Bohec invente sans cesse des outils qui
libèrent l'expression et invitent à l'exploration,
ainsi l'ingénieuse et simplissime « cage à fil
» qui ouvre ses élèves de cours
élémentaire à la géométrie dans
l'espace. Inventez, explorez, dit-il et vous aurez « le
perfectionnement technique en bénéfice secondaire
»: pour apprendre à lire: écrire, pour
apprendre à calculer : inventez des opérations
nouvelles... Pour autant ce pédagogue autodidacte est loin
d'être naïf ni rétif au théorique comme
en témoigne sa correspondance avec Freinet dont il publie
de belles pages, et les citations qui émaillent ses
commentaires tel cet aphorisme de Bachelard qui s'applique si bien
à la pratique de Le Bohec: « Si la science
théorise il faut qu'elle expérimente, si elle
expérimente il faut qu'elle théorise. » Comme
tout inventeur, ce franc tireur cultive le sens du collectif et
cite Popper: « Les conditions de la méthode critique
sont sociales et non individuelles ».
L'ouvrage, publié dans
l'excellente collection que dirige Gaston Pineau, souffre des
inévitables imperfections éditoriales liées
au mode de travail de L'Harmattan. L'emploi de l'expression «
méthode Freinet » dans le sous-titre pose
problème parce que cette formule fige ce qui, dans
l'ouvrage, est toujours en mouvement. L'auteur s'en explique sur
son site. Le titre interroge également. L'école
peut-elle réparer les destins? Oui, répond Paul Le
Bohec: voyez les histoires de Rémi, de Christian, Francis,
Loïc, et aussi celle de Paul lui-même! Paul le Bohec
affirme la fonction émancipatrice de l'école et
montre à quelles conditions cette fonction peut
s'épanouir. Dans ce livre, il n'est jamais question
d'orientation, d'égalité des chances, ni même
de réussite scolaire: permettons à l'humanité
d'éclore en chaque enfant, le reste viendra « en
bénéfice secondaire »!
Ouest-France publie
un portrait de Paul Le
Bohec dans un article
Paul Le Bohec a passé toute sa vie en
Bretagne. Il réside actuellement à La
Mézière, près de Rennes. : Philippe
Renault
Paul Le Bohec se définit comme un
hérétique. Instituteur, disciple de Freinet, il
s'est ensuite émancipé. Aujourd'hui, à 86
ans, il se raconte.
Paul Le Bohec ne s'encombre pas de protocole.
D'emblée, il tutoie. Cet enseignant a passé sa vie
à l'école. Pourtant, enfant il s'y est senti «
immergé dans l'ennui jusqu'à la pointe des cheveux !
» Plus tard, à l'école normale, il se met
« en réserve de la République. » Rebelle,
il se soustrait aux obligations, travaille sur les sujets qu'il
choisit. Têtu, il a toujours refusé la routine.
« J'ai bénéficié de circonstances
favorables quand j'ai pris mon premier poste à
Gévezé, près de Rennes, dans une école
sans directeur, le 1er septembre 1940. J'y ai créé
ma pédagogie, introduit le texte libre. Je n'ai plus jamais
été seul. J'étais avec les enfants.
»
Gévezé, Orgères, en
Ille-et-Vilaine, Langourla et Trégastel, dans les
Côtes-du-Nord, où il restera vingt-trois ans. Avant
d'être coopté pour intégrer l'IUT
carrières sociales de l'université Rennes 1. Dans
une ambiance post-soixante-huitarde, souffle un vent de
liberté qui n'est pas pour déplaire à
l'enseignant qui, dès le début, savait qu'il
n'apprendrait pas à obéir.
À 86 ans, ce fils de cheminot breton
qui a grandi dans le quartier sud gare de Rennes, dans une famille
rassurante « et qui avait du punch », a
décidé de raconter sa vie d'enseignant.
L'école réparatrice de destins ? (L'harmattan)
fourmille d'anecdotes de vie de classe édifiantes et
truculentes : « J'ai beaucoup de mémoire, j'ai
revécu chaque instant. »
Très vite, Paul le Bohec se coule dans
les idées de Célestin Freinet, un pédagogue
français, qui, au XXe siècle, a inventé une
méthode d'enseignement. « Un génie »,
dit-il, avec qui il correspond pendant une dizaine
d'années. Dans sa classe, où il accueille les
enfants de 6 à 9 ans, il porte l'accent sur le
développement des langages. Paul Le Bohec a recours
à la méthode naturelle, l'expression création
en partant de la production des enfants. Tout comme son
épouse, institutrice aussi. Pourtant en 1966, le disciple
dissipé prend son indépendance et, tout en restant
fidèle, s'affranchit du maître Freinet : « en
maths, on nous demandait de former des mathématiciens et
non plus des calculateurs. Il fallait se désengluer du
réel. »
Toute sa vie, Paul Le Bohec a
expérimenté, bûché. Pour satisfaire le
désir de réussite de son père et puis en
pensant à son frère, de six ans son cadet : «
Alors que j'allais entrer au cours complémentaire, mon
père a décidé de nous envoyer mon
frère aîné et moi en pension. » Le jour
de la rentrée, le père et ses trois fils prennent le
train pour déposer les grands à l'école. La
voix de Paul Le Bohec s'étrangle : « Sur le quai de la
gare, mon jeune frère n'avait pas compris que l'on allait
être séparé. Il s'est accroché à
moi en hurlant mon nom. En vain. Mon père l'a monté
de force dans le train, pour rentrer à la maison.
J'étais paralysé. Encore aujourd'hui, ça me
serre le coeur... » Pour Paul Le Bohec, l'enseignant est un
fournisseur d'amorces « pour libérer les enfants, les
armer pour qu'ils aient des chances d'être plus heureux tout
au long de leur vie. » C'est l'histoire de cet enfant qui
guérit son bégaiement, de Rémi, dyslexique,
qui tient en haleine ses camarades...
Paul Le Bohec l'assure : jamais de doute. Ni
de problèmes avec les inspecteurs... L'inverse n'est
peut-être pas vrai ! Dans sa classe, « on rigolait
beaucoup. » Gamin, avec ses copains, le petit Paul
n'était pas leader : « Pour me faire remarquer,
j'étais prêt à rendre service ou à
faire rire. » Plus tard, il navigue toujours entre
l'extrême fantaisie et l'extrême sérieux et
milite « pour que les enfants vivent leur vie d'enfant
». En publiant son livre, Paul Le Bohec s'attendait bien
à des « C'était bon de ton temps... Les enfants
sont différents... Tu n'es plus dans le coup. » Il
riposte : « Je me suis toujours appuyé sur la nature
de l'être humain. Elle, ne change pas. » Paul Le Bohec
a toujours eu des élèves ravis de venir à
l'école : « Aujourd'hui, les gosses pourraient
être plus heureux et apprendre davantage. Ils ne sont pas
bloqués mais encombrés sans doute par davantage de
mal-être. Ces techniques d'expression libre sont de plus en
plus d'actualité. »
Paul Le Bohec, qui ne s'est jamais
soucié de progresser dans la hiérarchie, touche une
retraite d'instituteur adjoint depuis trente ans. Mais, comme il
dit, « je ne suis pas en retraite car je n'ai finalement
jamais été en activité. » Encore
aujourd'hui, inépuisable, il s'implique dans le
réseau Freinet, participe à la co-formation.
Il écoute le débat sur la
lecture : « Ceux qui sont pour la méthode globale se
trompent, ceux qui sont pour la méthode syllabique aussi.
La lecture n'est pas de première importance. C'est
l'écriture qui compte. Quand on commence à
écrire, on commence à penser. Lire, c'est être
au courant des idées des autres. Écrire, c'est
construire sa propre pensée. »
Agnès LE MORVAN
L'école réparatrice de destins ?
Sur les pas de la méthode Freinet, de Paul Le Bohec,
édition L'Harmattan, postface de Philippe Meirieu, 255
pages, prix public : 23 ¤.
Retenez ce nom : Paul Le
Bohec. De lui, Philippe Meirieu écrit : "J'aurais vraiment
aimé découvrir cet ouvrage de Paul Le Bohec bien
plus tôt. Il m'aurait infiniment aidé aussi bien dans
mon travail de recherche que dans mes pratiques d'enseignant".
C'est que Paul Le Bohec est d'abord un infatigable chercheur, un
libre expérimentateur permanent en matière de
pédagogie.
-
Nommé instituteur
durant la seconde guerre mondiale, il tombe un peu par hasard sur
les ouvrages de Freinet. S'en suit des dizaines d'années de
correspondances et de confrontation avec le maître. Car Paul
Le Bohec est un Freinetien convaincu. C'est à dire que
c'est d'abord un esprit libre, capable d'imaginer ses propres
solutions et de s'écarter de la doxa du maître quand
il l'estime nécessaire. Il remet en question le journal, le
conseil, la coopérative mais garde jalousement ses
techniques d'expression. " Je n'ai pas toujours suivi Freinet
parce que la vie avait changé", nous écrit, dans un
mail, à 86 ans, P. Le Bohec. "Par exemple, lors de
l'apparition des maths modernes, j'ai compris qu'on ne nous
demandait plus de former des calculateurs, mais des
mathématiciens .Cela changeait la donne. Il fallait se
désengluer du réel alors qu'il était à
la base des conceptions de Freinet. Ce qui lui avait permis, en
son temps, de faire effectuer un pas considérable à
la pédagogie".
-
Impossible ici de retracer 60
années d'enseignement, de recherche où P. Le Bohec
s'est dévoué à faire progresser les 6 - 9 ans
en misant sur les activités d'expression. Le rôle de
l'enseignant ? Accoucheur d'enfants ! " Le "freinétien" est
dans cette situation" nous dit-il" "le chaos existe en l'enfant.
Il faut en faire un monde et réduire ses pulsions à
des formes élégantes afin de lui permettre de
retirer un maximum de bénéfices de sa trajectoire
particulière de vie".
-
Voilà un livre à
méditer. Pour la leçon d'histoire des mouvements
pédagogiques qu'il nous donne. Mais aussi pour la
leçon d'humanité .qu'il partage avec nous.
Offrez-vous cette rencontre avec P. Le Bohec !
P.Le Bohec, L'école
réparatrice de destins, L'Harmattan, 2007.
Le 27/11/07, Bernard.Collot
<bernard.collot1@orange.fr> a écrit :
C'est bien Paul qui
apparaît enfin et non plus comme
simple disciple de Célestin.
Un livre de maître (pas
que maître d'école !)
-
Le temps des disciples est un
temps révolu !
Oui, Paul a marqué,
marque et marquera le mouvement par son apport au niveau de
l'expression et de la création.
Mais, Bernard Collot est bel
et bien celui qui a prolongé le mouvement en allant plus
loin encore dans l'approche systémique, approche
opposée au déterminisme.
Un jour, de passage dans son
école où le GEM01 se réunissait, un directeur
d'une école d'application à quelques mois de la
retraite nous disait : "le plus dur est de durer".
Comment "durer" dans le
métier ? Contrairement au déterminisme qui conduit
à un état figé, stable finissant par
être ennuyeux pour l'instit, l'approche systémique
permet d'accroître sans cesse le niveau de complexification
du système ..... la question n'ayant alors plus de
sens ... une de plus ....
--
Philippe
Ruelen, 10 chemin de
Cozance 01500 Douvres, 04 74 34 67 50
Ecole de Saint Sorlin en Bugey
(5 classes, la mienne : 6 CE1 - 6 CE2 - 11 CM1)
http://ecole.marelle.org/stsorlin/
Site perso -
http://philippe.ruelen.free.fr/
-
C.R.E.P.S.C .
- http://marelle.org
Vers une école du
3ème type - http://3type.marelle.org
27 novembre 2007 aux listes icem et
freinet
Bonjour,
De nouveaux
livres à lire ...
Sur le site de l'ICEM :
Accueil - Actualités - À lire
Oui Monique, un
pavéÉ à balancer dans la mare, ou dans la
gueule de qui vous voulez. Il est des livres, comme des
rencontres, qui marquent. Celui de Bernard Collot et le
« 3ème type » puis maintenant celui de
Paul. Le point commun, la Créativité
libératrice, la liberté de créer, d'explorer,
d'être soi parmi les autres car en se libérant soi on
libère les autres et lycée de Versailles.
Philippe Lamy
27 novembre 2007
d'Henry Landroit
Je suis assez d'accord avec
Bernard.
Cher Paul, j'espère que
tu nous lis.
Le mot "méthode"m'a
dérangé. Je me bats depuis belle lurette pour que
l'on parle de "pédagogie Freinet" et non de "méthode
Freinet".
Et récemment encore,
mes yeux tombent sur le livre d'Élise "Naissance d'une
pédagogie populaire", avec en sous-titre :
"(méthodes Freinet)", cette fois au pluriel.
À mon sens, l'on ne
devrait garder que deux appellations : "techniques Freinet"
(puisque c'est ainsi que lui-même et les premiers
adhérents les appelaient) et "pédagogie Freinet",
dénomination apparue, si je ne me trompe au congrès
de Tours en 1964, deux ans avant sa mort.
Or il me parait qu'une
méthode s'applique plutôt à un aspect
sectoriel de l'éducation (la méthode Cuisenaire, la
méthode naturelle de lecture, etc.) tandis que la
pédagogie est plus transversale, c'est à la limite,
un ensemble cohérent de méthodes qui s'appliquent
à tous les champs de l'activité scolaire.
Encore une remarque : j'ai
toujours regretté, dans mon travail de militant, qu'il soit
fait référence au nom d'un pédagogue, si
grand soit-il.
Ce fut le cas pour Decroly,
Steiner et d'autres. J'aurais préféré
"pédagogie de l'école moderne" ou quelque chose du
genre (surtout pas nouvelle ni active, comme Freinet l'a
démontré dans la BEM Moderniser l'école :
"Nous disons bien École moderne et non École
nouvelle parce que nous insistons beaucoup moins sur l'aspect
nouveauté que sur celui d'adaptation aux
nécessités de notre siècle..." et dans
l'Éducateur technologique, en 1965 : "Nous éliminons
volontiers de notre pédagogie le mot de nouvelle ; nous
préférons le qualificatif de moderne, ou de
modernisation qui montre le souci constant des réformateurs
à travers les siècles d'adapter leurs techniques aux
nécessités et aux possibilités de
l'époque."
Bernard, (ou Monique) Je te
remercie pour la présentation que tu as faite de mon
ouvrage. En ce qui concerne le titre, il y a eu quelque
difficulté. L'éditeur voulait mettre :" Sur les pas
de Freinet", ce qui correspondait exactement à la
réalité, mais je lui ai signalé que cette
formule venait d'être utilisée pour présenter
le livre qui relatait le parcours de Pierre Guérin.
L'éditeur a mis : "sur les pas de la méthode
Freinet", alors que Freinet disait toujours qu'il n'avait pas
construit une méthode. Et déjà ,certains
copains ont bien l'intention de repréciser les choses. Moi
aussi, au début, je râlais
également quand on parlait de
mathématiques naturelles au lieu de méthode
naturelle de mathématiques. Mais c'est la mauvaise formule
que s'est imposée dans les esprits.C'est également
la formule "la méthode Freinet" qui est la plus
fréquente dans le public.
L'essentiel, c'est ce que l'on
met en dessous.
Les Italiens font plus fort.
J'ai beau leur dire que ma formule, c'est : "On voudrait ne devoir
son savoir qu'à soi seul", ils disent : "On ne devrait
devoir son savoir qu'à soi seul.", ce qui est à
l'opposé. Mais ce qui compte, c'est ce que l'on met
exactement sous la formule.
Paul Le Bohec
27 novembre 2007
de Bernard
Collot
Et le livre de Paul Le
Bohec ? Qui l'a lu ?
Moi ! évidemment
!
"J'aurais vraiment
aimé découvrir cet ouvrage de Paul Le Bohec bin plus
tôt. Il m'aurait infiniment aidé, aussi bien dans mon
travail de recherche que dans mes pratiques d'enseignant, dans mon
activité militante que dans mes engagements politiques.
Paul Le Bohec, tout d'abord, m'aurait libéré d'une
vision trop dogmatique de la pédagogie coopérative
et du mouvement initié par Célestin Freinet "
Philippe Meirieu dans la
postface.
Je n'ai jamais eu d'admiration
pour Meirieu qui, à mon sens, n'a jamais vraiment bien
compris vers quoi nous poussions. Et bien ça y est ! il
vient de commencer à comprendre ! Il a fallu le bouquin de
Paul pour ça !
C'est un pavé. Mais il
fallait un pavé pour extirper d'une complexité qui
s'est construite puis décantée au quotidien pendant
plusieurs décennies, la simplicité
éblouissante de nouvelles pistes qui prolongent bien loin
la PF. Un seul reproche à Paul : il sous-titre son livre
"sur les pas de la méthode freinet", il aurait dû le
sous-titrer : "dans le prolongement de le pédagogie
Freinet" ! C'est bien Paul qui apparaît enfin et non plus
comme simple disciple de Célestin. Un livre de
maître (pas que maître d'école !)
A lire en prenant son temps,
en méditant et en oubliant le mauvais travail
d'édition de L'Harmattan.
Bernard Collot
27 novembre 2007
Et le livre de Paul Le
Bohec ? Qui l'a lu ?
Moi pas encore
Monique Quertier
27 novembre 2007
de Guy Goupil
Moi Je l'ai lu, le livre de
Paul, avant même qu'il soit paru. Pauvre Paul qui s'est
battu contre la "méthode" et qu'il a fini par accepter pour
que son livre paraisse. Triste histoire de titre et
d'éditeur !
C'est un pavé, ce
livre, mais si dense qu'il ne peut pas se résumer. C''est
un livre qu'il faut avoir lu pour comprendre ce qu'est
véritablement la pédagogie Freinet et même
peut-être plus.
Un livre essentiel qui fera
date.
Guy
9 novembre 2007
C'est un message
d'Hervé
Moullé: moulle@ecolebizu.org aux listes freinet,
icem, amisdefreinet
Le nouveau livre de Paul Le
Bohec est disponible.
L'école,
réparatrice de destins?
Le style et le ton sont
admirables, on le lit comme un roman; et surtout le contenu est
décoiffant et montre que la Pédagogie Freinet est
bien d'actualité.
C'est le livre d'un parcours,
c'est le livre d'une vie et c'est le livre de la Vie.
À cette occasion, le
site de Paul est ouvert à l'adresse suivante:
http://www.amisdefreinet.org/lebohec